L’ex président de l’université des Antilles-Guyane Pascal Saffache, l’ancien directeur et une ancienne formatrice du Ceregmia ont été « mis en examen et placés sous contrôle judiciaire » par le parquet de Fort-de-France mercredi, entre autres pour détournements présumés de fonds européens. Les mises en examen trouvent un lien certain avec le soulèvement universitaire intervenu fin 2013 sur le campus de Troubiran.
Après 36 heures de garde à vue au service régional de la police judiciaire du Lamentin, Pascal Saffache, ex président de l’UAG (2009-2013) a « été mis en examen et placé sous contrôle judiciaire » a confirmé ce jour le parquet de Fort-de-France à Guyaweb. Le procureur, Eric Corbaux a cependant refusé « toute communication » sur ce nouvel épisode qui fait suite à une information judiciaire qu’il avait ouverte au premier trimestre 2014 pour « escroquerie en bande organisée et détournements de fonds en bande organisée » à l’ex-UAG (Guyaweb du 25/03/14 et du 20/05/14). Selon l’AFP, « le préjudice pourrait s’élever à une dizaine de millions d’euros.»
Fred Célimène, l’ancien directeur du Ceregmia, un laboratoire de recherche universitaire situé sur le campus Schoelcher a également été « mis en examen et placé sous contrôle judiciaire » mercredi pour « sept chefs d’inculpation » dont « atteinte à la liberté d’accès des candidats dans les marchés publics, recel d’un bien provenant d’un délit, escroquerie en bande organisée et faux en écritures publiques » relate Martinique 1e (13/01). La justice parle d’insuffisances présumées dans le pilotage et la gestion du Ceregmia et le détournement d’opérations subventionnées par les caisses européennes depuis 2000. Ce que dément l’intéressé.
Josette Jacqua, ex-gérante de Filiatis (société de « conseil pour les affaires et autres conseils de gestion ») est également « mise en examen et placée sous contrôle judiciaire » selon Martinique 1e. Alors qu’elle était employée en tant que formatrice du Ceregmia elle avait signée en 2009 une convention avec ledit Ceregmia pour que Filiatis mène un travail de « consulting ». Mais le rapport de la chambre régionale des comptes de 2012 concluait qu’ « aucun élément n’a pu être produit tendant à établir la consistance des prestations de Filiatis ». L’UAG et le Ceregmia avaient par ailleurs été dans l’impossibilité de produire son contrat de travail « 2008 » à la demande de la chambre régionale des comptes (Guyaweb du 18/11/13). La malversation présumée concernerait « 200 000 euros » selon Martinique 1e.
Lors de l’ouverture de l’enquête en 2014, le procureur Eric Corbaux laissait entendre l’existence de « complices, peut-être aussi des bénéficiaires voire des complaisances », il parlait de « l’existence d’un système qui perdure depuis un certain nombre d’années ». D’ailleurs, la présidente de l’ex-UAG, Corinne Mencé Caster, au plus fort de la crise qui secouait le campus guyanais et par ricochet ceux de Martinique et de Guadeloupe, écrivait dans un courrier public en octobre 2013, peu de temps après sa prise de fonction : « ll m’a été répété à plusieurs reprises que depuis trop longtemps maintenant, l’établissement laisse faire, ne prend pas les mesures requises pour empêcher certains dérapages mis en exergue dans le dernier Rapport de la Cour des Comptes qui pointe du doigt l’établissement. Dès sa prise de fonction, le nouveau tandem DAF-Agent Comptable a engagé un énorme travail de remise à plat, afin de produire, avec une assistance de la DRFIP [direction régionale des finances publiques], un état des lieux les plus complets, dans le cadre notamment de la période de remise de service, liée au changement d’agent comptable ».
Il est bon de rappeler que les cinq semaines de conflit sur le campus universitaire de Guyane, au dernier trimestre 2013 – qui ont débouché sur la partition de la Guyane et des Antilles et la création d’une université guyanaise de plein exercice au 1er janvier 2015 – avaient braqué la lumière sur l’opacité de la gestion sur les trois campus de l’UAG et avaient permis d’exhumer le rapport de la chambre régionale des comptes, écrit un an plus tôt et maintenu à discrétion. Selon Martinique 1e, d’autres « mises en examen » devraient être prononcées par le parquet prochainement.
Le célèbre avocat martiniquais Philippe Edmond-Mariette a annoncé publiquement sur Martinique 1e qu’il raccrochait dans cette affaire. Il était jusqu’alors l’avocat du Ceregmia. Il est aussi désormais conseiller économique et social selon le site Bondamanjak. M. Mariette était l’un des neuf avocats de Walwari, opposé à Anne-Sophie Leclère et le FN devant la cour d’appel de Cayenne en juin 2015.