Accueil
Aimé CESAIRE
Frantz FANON
Paulette NARDAL
René MENIL
Edouard GLISSANT
Suzanne CESAIRE
Jean BERNABE
Guy CABORT MASSON
Vincent PLACOLY
Derek WALCOTT
Price MARS
Jacques ROUMAIN
Guy TIROLIEN
Jacques-Stephen ALEXIS
Sonny RUPAIRE
Georges GRATIANT
Marie VIEUX-CHAUVET
Léon-Gontran DAMAS
Firmin ANTENOR
Edouard Jacques MAUNICK
Saint-John PERSE
Maximilien LAROCHE
Aude-Emmanuelle HOAREAU
Georges MAUVOIS
Marcel MANVILLE
Daniel HONORE
Alain ANSELIN
Jacques COURSIL

L'occitan occis sur France Bleu Occitanie

Michel Feltin-Palas (L'Express)
L'occitan occis sur France Bleu Occitanie

Les langues régionales sont quasiment exclues des grands médias. Y compris sur le réseau France Bleu censé pourtant "contribuer à leur expression".

C'est une histoire tristement symbolique que je vais vous raconter cette semaine. Le récit d'une microdécision, prise sans doute sans vraiment penser à mal, mais qui, ajoutée à d'autres allant dans le même sens, ruine progressivement notre patrimoine linguistique.
VOUS SOUHAITEZ RECEVOIR GRATUITEMENT CETTE LETTRE D'INFORMATION ? >> Cliquez ici
France Bleu Occitanie, qui émet pour l'essentiel dans les contours de l'ancienne Région Midi-Pyrénées, a récemment procédé à différentes modifications dans sa grille, dont deux en particulier nous intéressent ici. La première a trait à la chronique de Géraud Delbès, "Les mots d'oc", qui présente en français et en oc la richesse linguistique occitane. Alors qu'elle était programmée en semaine à 6 h 10 et à 7 h 40, cette seconde diffusion - bénéficiant de la meilleure écoute - a été supprimée (1). La seconde concerne l'émission Conta Monde, officiellement consacrée à l'actualité culturelle occitane. C'est bien simple : il est désormais interdit d'y diffuser... des chansons en occitan, sauf dans le cas - rare - où l'invité est un artiste utilisant cette langue (et encore : à une seule reprise). Le 22 novembre dernier, les auditeurs ont par exemple eu droit à... Phil Collins, Angèle et Louane, dont l'engagement en faveur des langues régionales n'a pas pour le moment marqué les esprits.
La raison ? Je l'ai demandée au directeur des programmes et de la musique du réseau France Bleu, qui a procédé à ces changements - en accord avec la direction de la station. "En raison de la période exceptionnelle que nous traversons, nous avons décidé de créer de nouvelles rubriques pour soutenir les commerçants et l'économie locale, m'a expliqué Frédéric Jouve. Pour cela, il fallait trouver de la place à l'antenne. C'est tout. Il n'y a aucune volonté de notre part de nous attaquer aux langues régionales." Quand je lui ai fait remarquer que, comme par hasard, le couperet était tombé sur les émissions en occitan, il a ajouté ceci. "D'une part, les émissions en langues régionales réalisent moins d'audience que la moyenne. D'autre part, malgré ces modifications, je continue de respecter les obligations légales qui me sont fixées."
Sur ce dernier point, il a parfaitement raison. L'article 6 du "cahier de mission et des charges" de Radio France prévoit en effet que "la société veille à ce que les stations locales contribuent à l'expression des langues régionales". Or, stricto sensu, la part de l'occitan sur France Bleu Occitanie vient d'être réduite à la portion congrue, mais elle n'a pas totalement disparu. Le "cahier des missions" est donc toujours honoré...
La faille, on le voit, est dans le flou dudit cahier. Se contenter d'indiquer que les stations doivent "contribuer à l'expression en langues régionales", sans dire comment ni à quelle hauteur, c'est ouvrir la voie à leur marginalisation. Il n'en est heureusement pas de même pour la langue française. Pour ce qui la concerne, les médias audiovisuels sont soumis à des quotas rigoureux, que précise le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) : "40 % d'oeuvres musicales d'expression française ou interprétées dans une langue régionale en usage en France sur les radios privées ; proportion qui doit atteindre une "place majoritaire" à Radio France
(elle s'élève à 60 % sur France Bleu). C'est grâce à ce dispositif que les artistes francophones parviennent vaille que vaille à résister au rouleau compresseur anglo-saxon.
J'ai évidemment demandé à Frédéric Jouve s'il serait favorable à ce que le cahier de mission de Radio France prévoie également des quotas en faveur des langues régionales. "Ce n'est pas à moi de me prononcer", m'a-t-il prudemment répondu. J'ai sans doute l'esprit mal tourné, mais j'ai cru comprendre que cela voulait dire "non"...
Soyons précis. Selon les chiffres que Frédéric Jouve m'a fournis, le réseau France Bleu propose chaque semaine 49 heures d'émissions en corse, en breton, en basque, en alsacien, etc. Ce n'est pas rien, a-t-il insisté, d'autant que celles-ci ne sont pas reléguées à trois heures du matin mais diffusées le plus souvent entre 6 heures et 9 heures et entre 16 heures et 20 heures, soit de bonnes tranches horaires. C'est une manière de voir les choses.
Il en est une autre. Sachant que l'antenne est ouverte sept jours sur sept et vingt-quatre heures sur vingt-quatre et que le réseau compte 44 radios, une petite règle de trois permet d'aboutir au résultat suivant : la part réservée aux langues régionales sur France Bleu s'élève à... 0,6 %. Soyons large et, pour tenir compte de la poignée de créateurs qui peuvent avoir accès à d'autres émissions, arrondissons à 1 %. Cela suffit-il pour donner à ces langues l'exposition qui permettra de les valoriser et de faire vivre les artistes qui les utilisent ? Posons la question différemment : le français aurait-il la moindre chance de résister à l'anglais s'il "bénéficiait" d'un pourcentage aussi dérisoire ?
Ne soyons pas trop cruels, pourtant, avec France Bleu. Au moins les radios locales de Radio France font-elles entendre de temps à autre à leurs auditeurs l'occitan, le breton, l'alsacien ou le catalan, ce qui n'est quasiment jamais le cas de France Inter, d'Europe 1, de RTL et des autres. De fait, en leur consacrant 1 % de son temps d'antenne, France Bleu peut revendiquer le titre de plus grand défenseur des langues minoritaires parmi les grandes radios.
C'est bien le problème.
Réagissez, débattez et trouvez plus d'infos sur les langues de France en me rejoignant sur LA PAGE FACEBOOK DEDIEE A CETTE LETTRE D'INFORMATION
A LIRE AILLEURS
L'émission de France Bleu Occitanie Les mots d'oc, que j'évoque ci-dessus, a donné naissance à un livre, précisément consacré aux "mots d'oc, mots d'ici" (Éditions Privat). Rédigé par son animateur, Géraud Delbès, il présente des termes offerts au français comme niaque, tcharrer, castagne, bidasse et bien sûr le plus célèbre d'entre eux : amour ou encore des expressions typiques comme "il me tarde " (j'ai hâte) ou "ça sent à tabac". Cet ouvrage permet aussi de mieux comprendre l'origine des noms de lieux (Mayol = malhòl, la jeune vigne) et de personnes (Soulage = endroit boueux, Bouygues : terres en friche. Pompidou : petit plateau).
L'université de la Sorbonne est régulièrement accusée sur les réseaux sociaux d'avoir trahi la culture nationale. La raison : depuis 2018, elle s'appelle "Sorbonne Université". Oubliée, la construction traditionnelle de la phrase française ? Vive l'inversion à l'anglo-saxonne ? "Pas du tout, répond à L'Express Jean Chambaz, le président de l'institution. Certes, cette formulation est utile à l'international, mais elle est tout à fait correcte en français puisqu'il s'agit d'une apposition, procédé que l'on retrouve ailleurs avec Paris Habitat ou Lyon Capitale".
Ce proche de Joe Biden aura surtout pour tâche de relancer les alliances et de faire revenir les Etats-Unis dans les accords multilatéraux. Les années qui viennent diront si la nomination de ce francophile élevé en France constitue aussi une bonne nouvelle pour la francophonie.
C'est le résultat d'une enquête du Journal de Montréal, qui s'inquiète : " Le controversé "Bonjour-Hi" dans les commerces du centre-ville de Montréal est-il en train de devenir tout simplement "Hi" ?"
Tels sont les termes recommandés à la place de l'anglicisme click and collect par la Commission d'enrichissement de la langue française pour désigner le fait de retirer dans un magasin physique une commande effectuée en ligne. Des propositions à retrouver sur le site France Terme
À REGARDER
En 2010, Jean-Luc Mélenchon s'opposait à l'introduction des langues régionales dans la Constitution à l'article 1 (c'était l'hypothèse de l'époque). Une initiative qui introduisait selon lui l'idée qu'"il y aurait une définition ethnique du peuple français" (vers 2'30). Dans la foulée, il qualifiait également leurs défenseurs "d'ethnicistes" (vers 4'15). Quelqu'un aurait-il la gentillesse d'expliquer à l'actuel chef de file de la France insoumise que quiconque peut apprendre une langue, quelle que soit son ascendance familiale ?

Commentaires

Michel P. | 02/12/2020 - 18:59 :
Pour "click and collect", il y a aussi "clique et rapplique".

Connexion utilisateur

CAPTCHA
Cette question sert à vérifier si vous êtes un visiteur humain afin d'éviter les soumissions automatisées spam.

Pages