CON…FINEMENT ! -4-
(ÉTAT DES LIEUX)
Solitudes multipliées
par virus interposé…
Destinées démasquées
murées dans la méfiance
d’atmosphères confinées.
Politique mascarade
dans l’indifférence résignée.
Des bulles aussi hygiéniques
que le papier de permission de circuler,
invisibles mais increvables
écrans de transparence,
séparent les camarades
et les familles décomposées…
Omniprésence
d’un lourd silence
dans les rues vides hantées
çà et là d’ombres grises,
furtifs fantômes au pas pressé…
Le temps s’est arrêté :
égrenant la folie,
le sablier cassé
n’a plus de sable,
le marchand est en congé
car les plages fermées
sont inutilisables.
Maudite pandémie
qui ne fait rien à demi,
qu’as-tu fait de nos vies
et toutes nos envies,
nos rires et insouciances,
de notre liberté
avec nos espérances ?
Ces choses indispensables
qui rendent l’existence
d’un homme supportable
sont parties en fumée,
ne laissant qu’un goût rance…
Nos rêves ont viré
au cauchemar soudain !
Ne pouvant respirer,
plongé dans un coma artificiel,
ce monde catatonique
implore son réveil
à des dieux confinés
dans des cieux éloignés.
Mais en vain…
Car ça fait bien longtemps
qu’un virus nommé intelligence
les a tous tués !...
(29-03-2020)
OPTIMISME
Quand, l’avenir si noir
qu’on a cessé d’y croire,
on n’a plus que l’espoir
d’une fin à l’histoire,
pensant qu’il est trop tard
pour sortir du cauchemar…
Quand pour ne plus rien voir
on veut fermer les yeux
ou bien se mettre à boire
tout l’alcool que l’on peut
pour perdre la mémoire…
Lorsque sont sourds les dieux,
qu’on est au fond du trou
enlisé dans la boue,
prêt à devenir fou,
on se dit qu’après tout
ça ne peut qu’aller mieux !...
(31-03-2020)
“POISON D’AVRIL !”
On aurait souhaité que ça ne soit en gros
qu’une plaisanterie, la blague d’un potache
et, si on l’avait eu quand même dans le dos,
un poisson de papier que, discret, l’on accroche
tel un mauvais rêve, dissipé aussitôt
au réveil à l’instar des brumes matinales
par le soleil levant de l’île tropicale…
Mais ce poisson d’avril, hélas, est un poison
qui pour bien plus longtemps menace nos poumons,
un virus qui n’aurait jamais dû débarquer
des bateaux, des avions, du moins sans précautions,
pour mieux nous confiner ensuite à la maison…
(01-04-2020)
CONDAMNÉ AU RÊVE À PERPÉTUITÉ…
Si le présent n’a plus d’avenir,
on ne peut qu’alors se réfugier
dans du passé les bons souvenirs,
quand vient l’hiver, songer à l’été…
Rejouer le film pour ne plus vieillir
et l’illusion que le temps s’arrête…
Hélas, proche est la folie qui guette
ceux restant prisonniers dans leur tête !
Dans le temps, voyager
comme on part en vacances
ou que l’on entre en transe
pour tenter d’échapper
à la réalité…
Comme un disque rayé,
un roman aux derniers
chapitres déchirés,
vous laisse si frustré
ce goût d’inachevé !
(08-04-2020)
RÉSILIENCE
Chaque jour est une victoire
sur la mort et le désespoir,
la tristesse du temps qui passe
lorsque tout lasse et puis tout casse…
Chaque sourire est la lumière
qui au long du chemin éclaire
pour ne pas sombrer dans le noir,
trouver la force encor d’y croire
en dépit de tous nos déboires,
des rêves avortés qui foirent,
comme en plein milieu d’un désert
le réconfort d’une eau à boire !
Si chaque pas est un combat
qui va de naissance à trépas,
n’oublie jamais qu’en cette histoire
chaque jour est une victoire
sur la mort et le désespoir !
LE BOUT DU TUNNEL…
Nous sommes entrés dans un tunnel
dont on ne perçoit pas la fin,
tentant avec une chandelle
de voir ce que sera demain…
De toutes parts entourés d’ombre,
en tâtonnant sur ce chemin
jonché des regrets et décombres
des vies passées, main dans la main,
malgré la peur faut avancer
sans perdre espoir qu’un jour prochain
avec le bout l’on puisse enfin
revoir la lumière briller !
Hantés par d’heureux souvenirs
qui aident à croire en l’avenir,
jour après jour, pas après pas
on marche en songeant au trépas
qui, invisible dans le noir,
nous guette tel un prédateur…
Nul ne sait quand viendra son heure
mais il nous faut garder l’espoir…
Après la pluie vient le beau temps,
après l’hiver, c’est le printemps !
Le plus long tunnel à coup sûr
s’ouvrira sur un ciel d’azur…
Persévérance et résilience
ainsi qu’une grande patience
sont les vertus dans l’existence
pour survivre avec de la chance !
(09-04-2020)
CON…FINEMENT !-5-
(HIBERNATION)
Les jours se suivent et se ressemblent
et ce qui est bien pis,
les jours ressemblent aux nuits !
Le monde s’est assombri,
uniformément monotone et gris
camaïeu de vieux film au goût de passé mort et relent d’ennui
des trop longues journées d’un hiver devenu l’unique saison
avec tous nos sens engourdis
comme en hibernation,
confinés dans nos maisons-prisons
à en perdre la raison…
de vivre cette folie
qui donnait tout son prix
et ses couleurs à la vie !
À quand le retour attendu de l’arc-en-ciel après la pluie
et du vol multicolore des papillons et colibris ?
Un silence cannibale a peu à peu dévoré
tous les cris et les bruits
dans ces rues vides, de COVID remplies,
où la vie paraît une mascarade démasquée,
seulement rythmée par le tic-tac obsédant
du robinet cassé
d’où fuient inexorablement
les gouttes d’un temps
ralenti, étiré à l’infini
par ce maudit confinement…
Patrick MATHELIÉ-GUINLET (15-04-2020)