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Macroix et la bannière… politique

Guy FLANDRINA
Macroix et la bannière… politique

En 1998, un terrible glissement de terrain, a détruit ou endommagé des dizaines de maisons au lieudit Macroix (Sainte-Marie), quartier Bezaudin.

  • 2005, sept immeubles de 21 appartements commencent à être édifiés, sur 9.000 m2 au Morne des Esses (Sainte-Marie) au quartier Vaton.
  • 2019, l’ensemble est vendu pour 450.000 euros à un transporteur du Gros-Morne.

Les familles ayant subi le désastre se disent « victimes d’une double peine » et crient au « scandale politico-financier » !

 

Chaque samaritain a gardé en mémoire l’énorme glissement de terrain qui avait emporté, en 1998, les habitations de plusieurs familles samaritaines du quartier Macroix.

A l’époque, le drame avait provoqué autant d’émotion que de déplacements de la classe politique de toutes sphères et horizons. Guy LORDINOT, alors maire, avait suscité la venue du préfet qui, lui-même a encouragé, celle de Marie-Noëlle LIENEMANN (27/12/2001), ministre du logement, en présence de Claude LISE, sénateur et président du Conseil Général. Alfred MARIE -JEANNE, président du Conseil Régional n’était pas en reste puisqu’il a également rendu visite aux sinistrés.

A l’image de ces nombreux déplacements, le terrain, lui, poursuit également son mouvement, lequel menace d’entrainer d’autres maisons…

Le préfet, Michel CADOT, décide donc d’évacuer la zone habitée. Ce ne sont pas moins de cinquante-quatre maisons qui sont concernées. C’est à Olivier BIANCARELLI -son directeur de cabinet- qu’incombe cette charge.

Si certains sinistrés ont pu bénéficier de la solidarité de parents amis et alliés pour un relogement immédiat et souvent provisoire, d’autres ont été confrontés à de grandes difficultés.

L’État, face au danger d’un relogement sur place, a dû procéder à l’expropriation des familles sinistrées et rendre inconstructibles ces terrains touchés par une catastrophe naturelle ; une première dans le droit français !

Des solutions d’indemnisation des victimes s’avérèrent particulièrement compliquées, notamment en raison de l’indivision de plusieurs biens. Des procédures à rallonge ne permettent pas à de nombreux sinistrés de sortir de leur précarité.

La municipalité doit donc recourir à différentes solutions, même provisoires, pour faire face à ce qui, pour certains, est un « drame social, économique et humain ».

Ainsi, il est fait appel autant à des bailleurs sociaux qu’à des loueurs privés. L’équipe de Guy LORDINOT doit faire preuve d’imagination dans cette situation de crise. C’est ainsi que l’école communale de Pain de Sucre permettra de reloger huit familles. La baisse démographique est, là, un atout !

Rappelons tout de même que cette école, construite en 1920, est sur un terrain mis à disposition par un généreux bienfaiteur, Georges RENARD. Mais, problème : cette cession n’a fait l’objet d’aucun acte notarié. Désormais, l’héritier du donateur, argue que ladite cession était destinée à l’éducation des petits samaritains. L’école ayant définitivement fermée, il estime légitime de reprendre possession de son bien. Les huit familles se retrouvent donc dans la situation d’occupants sans titre ni droit…

Sa ki an bek ou, pa an fal ou*[1]

Une décision du conseil municipal de Sainte-Marie, en date du 25 juillet 2019, est venue relancer le dossier des sinistrés de Morne Macroix. Elle suscite la polémique.

En effet, Bruno Nestor AZÉROT, actuel maire de Sainte-Marie, est accusé d’avoir « vendu, avec la complicité de membres de sa majorité, un bien dont ils ne sont pas propriétaires, sans même avoir pris l’attache des principaux intéressés », c’est-à-dire les familles sinistrées.

Afin de mieux appréhender la complexité de ce dossier, il convient d’en redéfinir le contexte.

Le 17 mai 2004, la ville de Sainte-Marie a consenti, dans un bail emphytéotique, de céder, pour 35 ans à la Société d’Economie Mixte Atlantique (SEMA), une parcelle de son territoire, située à Vaton, en vue de la construction de 21 logements sociaux.

La SEMA a lancé ledit programme, en 2005, mais n’a pu le mener à son terme. D’après le PV dudit conseil municipal, seuls cinq bâtiments, sur neuf, sont sortis de terre, le gros œuvre et la toiture achevés. Il s’agit de logements de type F5 avec mezzanine. Il semblerait que la mairie n’aurait pas trouvé de repreneur pour achever ladite opération. Ceux qui auraient manifesté un intérêt se seraient rétractés au motif que ce « type de logement (F5) ne correspondrait pas au public qui ressort de leur raison sociale ». Guy RICHER, président de la SEMA et conseiller de la majorité, retient la société TCGM sarl « qui propose la meilleure offre pour l’acquisition en l’état de l’ensemble immobilier pour un montant de 450.000 euros ». Des élus de la majorité samaritaine soutiennent que cette évaluation est celle de « France Domaines ». C’est un transporteur du Gros-Morne, M. François JEAN-BAPTISTE, le gérant de TCGM qui se voit attribuer -à l’unanimité par les élus (28) présents au conseil municipal- la parcelle de 9.000 m2 et les édifices qui s’y trouvent. Le PV du conseil municipal souligne également quant à la destination future desdits bâtiments que leur « vocation sera autre que des logements sociaux ».

Abris de la discorde

Le lundi 16 décembre 2019, les mal ou pas lotis du glissement de Macroix sont en masse au lotissement Vaton. Ils ne sont pas seuls. Tous les candidats, opposants à l’actuelle municipalité de Sainte-Marie sont également présents. Ce lieu, aussi retiré que paisible, est désormais le site incontournable où il faut se montrer. Il semble être le berceau d’où l’on attend le cri primal, le surgissement d’une tempête politique…

Un « Collectif de sinistrés de Macroix », avec à sa tête Martine JUPITER, mène la fronde.

Le 12 novembre dernier, celui-ci a saisi la sous-préfète de Trinité d’un courrier resté lettre-morte. Il y est notamment dit : « nous observons que cette délibération est prise à l’unanimité avec notamment les votes de Messieurs RICHER et BONIFACE, respectivement président et directeur de la SEMA ». Or, ajoute le Collectif : « il n’est nulle part fait mention dans la délibération de conventions, entre le conseil municipal et le conseil d’administration de la SEMA, validant la procédure utilisée ».

Enfin, la présidente du Collectif s’interroge : « comment expliquer la vente au profit d’une sarl de transport d’un terrain d’environ 9.000 m2 supportant sept immeubles qui étaient destinés à loger quelques-uns d’entre nous » ?

Dans un courrier de relance (du 04 décembre) à la sous-préfète de Trinité, en vue d’une audience, le Collectif manifeste son incompréhension qu’on ait pu céder à un particulier un bien public dans lequel « la ville de Sainte-Marie et la SEMA ont investi environ deux millions d’euros ». Les personnes non-relogées estiment le « montant dérisoire au regard des sommes déjà investies et de l’importance du foncier et du bâti rétrocédés ». Ces sinistrés non-relogés de Macroix n’entendent pas en rester là. Ils ont aussi écrit à Marie-Noëlle LIENEMANN afin de lui faire tenir la délibération qui est à leurs yeux « entachée de nombreuses inexactitudes ». Ils ajoutent d’ailleurs attendre d’être reçus par la sous-préfète afin de « l’inviter à annuler cette délibération qui lèse gravement les sinistrés de Macroix ».

L’ancien préfet de Martinique, Michel CADOT (désormais préfet de la région Ile de France) a également été destinataire (le 25/11/19) d’une missive dans laquelle les sinistrés en attente de logements manifestent leur étonnement : « C’est en découvrant le site nettoyé par son nouveau ‘’propriétaire’’ que nous avons eu la surprise d’apprendre la décision prise par le conseil municipal ».

De son côté, Claude LISE, l’actuel président de l’Assemblée de la CTM, a reçu (02/12/19) un courrier l’invitant à se rendre sur place, lors de la manifestation initiée par le Collectif.

Ceux qui l’interpellent indiquent : au « prix dérisoire de 450.000 € » auquel « le terrain et ses sept immeubles » ont été cédés, « chacun de nous aurait naturellement acheté un de ces appartements construits (rappelons-le) pour les sinistrés de Macroix ».

L’élu invité s’est donc rendu sur le terrain. Il est vrai qu’à l’occasion de l’élection pour l’Assemblée Unique ce dernier, présent sur la Section Nord, avait sollicité les suffrages de cette population. Prudent, le président de l’Assemblée s’est juste engagé à « vérifier l’évaluation faite par les Domaines ». Dans « l’hypothèse où il y aurait matière à annulation de la décision », Claude LISE propose de « s’associer à la population afin d’œuvrer en ce sens » et, « s’il y a préjudice, voir comment le relogement, sur place, serait possible »…

Plus haut, toujours plus haut… Le Collectif n’a pas hésité à écrire au président de la République, Emmanuel MACRON, pour lui « faire part d’une affaire scandaleuse qui met en cause le maire de Sainte-Marie ». Accusation qu’il explique en ces termes : « l’acquéreur de l’ensemble immobilier Vaton a déjà entrepris -sans permis de construire- les travaux d’achèvement du chantier. Alors même que, semble-t-il, l’acte de cession n’est pas encore signé ».

Par ailleurs, les rédacteurs de la protestation s’indignent de la probable venue des ministres de l’Intérieur et des Outremers « à quelques semaines des élections municipales ». Ce qu’ils considèrent, bien évidemment, « comme un soutien apporté au maire sortant ».

De son côté, Martine JUPITER et les membres du Collectif n’entendent pas obtenir autre chose que « l’annulation pure et simple d’une vente aussi suspecte qu’indécente ». Ils affirment qu’il « reste 21 personnes à reloger, elles attendent de l’être à Vaton ; aucune de ces personnes n’a été contactée par le maire » !

Les membres du Collectif, comme Lucianise LORDINOT, exigent l’attribution des logements qu’ils attendent depuis 1998 et se disent « prêts à les prendre en l’état et à en terminer les travaux de finition à leurs frais ».

Les élus de la majorité samaritaine risquent d’avoir à supporter le calvaire de Macroix durant toute la campagne électorale ; à moins d’un… miracle !

                                                                                                                      Guy FLANDRINA




* Ce qui est dans ton bec n’est pas encore dans ton estomac ; sous-entendu : il peut toujours t’être repris…

 

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