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MADJANIE LEPRIX, LAUREATE AU CAPES DE CREOLE SESSION 2008

MADJANIE LEPRIX, LAUREATE AU CAPES DE CREOLE SESSION 2008

D’origine guadeloupéenne, Madjanie Leprix est la seule lauréate au CAPES de créole de l’Académie de la Martinique pour l’année 2008. Le quotidien « France-Antilles » lui a consacré un article, dans son édition du mercredi 2 juillet, que nous reproduisons ci-après….

A 32 ans, elle fait partie des quatre récentes lauréates du CAPES de créole. Amoureuse de cette langue régionale, elle souhaite qu’un plus grand nombre d’élèves l’étudie en classe.

Elle l’avoue, elle n’a commencé ses révisions que deux semaines avant le début des épreuves. Un temps suffisamment long visiblement pour décrocher son diplôme. Madjanie Leprix vient d’être reçue au CAPES de créole. Des 10 admissibles aux épreuves écrites de ce concours de recrutement de professeurs de l’enseignement secondaire (collège et lycée), quatre - toutes des femmes - ont été définitivement retenues. Et Madjanie Leprix a raflé la troisième place. Elle se positionne derrière les heureuses lauréates de la Réunion, de la Guadeloupe et devant une autre Réunionnaise. Reste que la Martinique aurait pu ne pas avoir de lauréate cette année. Car en réalité, Madjanie Leprix est Guadeloupéenne, mais vit en Martinique depuis plusieurs années. « Je suis venue ici pour faire un DEUG de Lettres, sur le campus de Schoelcher, et puis, je suis restée », raconte la jeune femme qui, entre temps, a rencontré un Martiniquais avec lequel elle vient d’avoir un enfant.

«J’avais à gérer le bébé, la vie de famille et le boulot »

DEUG, licence, maîtrise de Lettres, licence de langues et cultures régionales (LCR), DEA (aujourd’hui Master de créole), l’étudiante a, au cours de ces dernières années, empilé les diplômes universitaires. Cependant, il lui manquait le fameux CAPES de créole pour pouvoir être titulaire de son poste. « Je l’ai passé en candidate libre et ce n’était pas évident parce que j’avais à gérer le bébé, la vie de famille et le boulot », confie la capessienne. « En effet, cette année, j’étais vacataire au lycée de Sainte-Marie où j’avais des élèves de seconde et de première. J’assurais des cours de créole à raison de trois heures par semaine. »
Avec la réussite de Madjanie Leprix, l’académie de la Martinique comptera ainsi à la rentrée six certifiés enseignant le créole. Cependant, avant la création de ce CAPES en 2000, un certain nombre de professeurs du second degré, non titulaires de ce certificat, mais certifiés d’anglais, d’allemand, dispensaient déjà des cours de créole dans leur établissement respectif. Sans oublier les vacataires et autres contractuels qui, eux aussi, enseignaient cette langue régionale.

« A la rue Frébault, toutes les vendeuses s’expriment en créole »

« Lorsque l’on est titulaire du CAPES, on n’enseigne pas uniquement le créole », prévient la lauréate. « C’est un diplôme bivalent. On peut être ainsi professeur de créole et de lettres, ce qui est mon cas, professeur de créole et d’anglais, professeur de créole et d’histoire et géographie… ».

Madjanie Leprix dit entretenir une histoire particulière avec le créole qu’elle aime par-dessus tout et qu’elle trouve très imagé. « Chez mes parents, qui ont aujourd’hui plus de 70 ans, on ne parle que créole [nldr : et cela de date pas d’hier] », aime a répéter la certifiée qui entend tordre le cou à un certain nombre d’idées reçues à propos du créole qui empêcherait les enfants de maîtriser le français. « Si j’ai réussi à jongler entre les deux, cela prouve bien que ce que l’on entend est un faux problème ». Reste que la Martiniquaise d’adoption a bien conscience que le créole est beaucoup moins présent ici au quotidien qu’en Guadeloupe. « A Fort-de-France, à la rue Victor-Hugo, les gens s’expriment en français », s’étonne l’enseignante. « En revanche, vous allez à la rue Frébault, à Pointe-à-Pitre, là, toutes les vendeuses s’expriment en créole ». Et d’évoquer la télévision : « Sur Télé-Guadeloupe, lorsqu’on interroge les gens, ils répondent spontanément en créole. En Martinique, on n’a pas le même rapport à la langue ». La capessienne cite le cas d’un collège de l’île-sœur où l’on compte jusqu’à huit classes recevant un enseignement en langue régionale. « En Guadeloupe, il y a une grosse demande dans les écoles. A quand une telle chose en Martinique ? Ici, les gens sont très réticents.

Le combat n’est donc pas gagné ! « Il y a quand même eu une évolution, cependant, il faudra continuer à se battre car tant qu’il n’y aura pas un fort taux d’élèves inscrits en langues et cultures régionales, dans le secondaire et à l’université, le créole sera en danger », estime-t-elle.

Affectée en cours d’année au lycée de Sainte-Marie, l’ex-vacataire n’avait pas d’élèves dans sa classe au tout début. « Avec la permission des enseignants, je suis passée dans toutes les salles pour signaler que mon cours existait », raconte la jeune femme dont l’initiative fut payante. « Au premier cours, j’ai eu 30-35 élèves et j’ai fini l’année avec 23 élèves. Ils étaient intéressés et intéressants. Ils voulaient enrichir leur vocabulaire. Ils sont conscients qu’ils parlent un créole « chòlòlò ». Pour Madjanie Leprix, la sauvegarde du créole est donc devenue un maître-mot. « A Grenade, c’est une langue morte. A Trinidad, la personne la plus jeune parlant le créole a 75 ans, la plus âgée a 105 ans. La jeune génération ne sait même pas ce que c’est ».

Jean-Marc Atsé

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