La filière aquacole n’en finit pas de payer les conséquences de… l’inconséquence des grands planteurs de banane, le plus souvent békés. En effet, la nouvelle est tombée le 03 octobre dernier, cela dans un silence médiatique assourdissant : un arrêté préfectoral interdisait désormais à deux fermes aquacoles de la commune du Robert de vendre leur production. Motif ? pollution grave à ce dangereux pesticide organochloré, le Chlordécone, utilisé à tout va durant 30 ans dans les bananeraies martiniquais (1972-1992) alors qu’il avait été interdit aux États-Unis dès…1976.
S’il n’y avait pas eu le livre de Louis Boutrin et Raphaël Confiant («Chronique d’un empoisonnement annoncé», L’Harmattan, 2007), s’il n’y avait pas eu le battage et les conférences de Dominique Belpomme, l’éminent cancérologue français, s’il n’y avait pas eu les manifestations de l’ASSAUPAMAR, de l’ANC (Association Non au Chlordécone) et de l’ASSE ainsi que des Verts-Guadeloupe (avec Harry Durimel), personne n’aurait soulevé la question de l’empoisonnement de la Martinique (25.000 hectares contaminés) et de la Guadeloupe (5.000 hectares). Chose criminelle quand on sait que dès 1979, des rapports émanant des propres services déconcentrés de l’État français aux Antilles dénonçaient la gravité de la situation.
Les gens de Basse-Pointe (Martinique) continueraient à s’alimenter à la source «Bod Lanmè» dont les analyses ont montré qu’elle contient 44 fois le taux de chlordécone supportable par l’organisme humain. Quarante-quatre fois ! Les gens de la Basse-Terre continueraient à se baigner et à piqueniquer au bord des magnifiques rivières de leur région alors qu’en janvier 2008, la préfecture a pris un arrêté interdisant la baignade et la consommation d’eau pour 12 de ces rivières. Douze ! Et dire qu’on trouve des Antillais, comme un certain Dégras de l’INRA-Guadeloupe pour déclarer que la situation n’est pas si grave et que les écologistes s’agitent pour des raisons politiciennes !
Si ce Dégras avait raison, comment expliquer alors que le gouvernement français ait mis 33 millions d’euros sur la table pour commencer à chercher des remèdes à la pollution au chlordécone ? En période de crise financière, cette somme n’est pas rien. Comment expliquer que la Direction des Services Vétérinaires de Guadeloupe et de Martinique soit sur le pied de guerre depuis la mise en place de ce «Plan de contrôle du chlordécone» et multiplie ainsi les contrôles ?
Contrôles qui ont abouti justement, il y a une semaine, à la fermeture de ces deux importantes fermes aquacoles du Robert. Et malheureusement, ce n’est qu’un début…
Tristes Martinique et Guadeloupe où l’on trouve encore des Antillais pour nier une catastrophe écologique et sanitaire que l’État français lui-même reconnaît !
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