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MARTINIQUE - REGION : LA MONTAGNE PELEE OUBLIEE DES "PROJETS D'ATTRACTIVITE DU TERRITOIRE" ?

Deux projets pour renforcer l'intérêt écologique, scientifique, touristique et économique de la Pelée.
MARTINIQUE - REGION : LA MONTAGNE PELEE OUBLIEE DES "PROJETS D'ATTRACTIVITE DU TERRITOIRE" ?

Région - Plénière du 14 sept. 2010. À l'ordre du jour: Rapport "Appel à projets d'attractivité". Intervention du Conseiller Louis BOUTRIN qui s'étonne de l'absence de la Pelée dans la liste des projets proposés par la majorité actuelle. Un long plaidoyer du Conseiller de l’opposition qui retrace l'intérêt écologique, scientifique, touristique et économique de la Pelée, un monument de notre patrimoine naturel menacé récemment par le feu.

Le Conseiller Régional de Martinique ponctue son intervention par l’annonce de deux projets visant à renforcer la visibilité internationale de la Pelée et son… attractivité touristique (eh oui!): Organisation d'un Grenelle de la Montagne Pelée et inscription de la Montagne Pelée au patrimoine mondial de l'UNESCO.

Deux projets présentés par le député Alfred MARIE-JEANNE le 4 mai 2010 à l’Assemblée Nationale. Malgré l’accueil favorable de Jean-Louis BORLOO,  Ministre du Développement Durable, nous avons eu droit à un… Silence radio, silence télé, silence journal!

Ci-joint, l’intégralité de l’intervention du Conseiller Louis BOUTRIN.

Merci, M. le Président,

Les collègues m’ont demandé d’intervenir sur ce rapport «appel à projets d’attractivité» et … c’est un amoureux qui, aujourd’hui, vous demande la parole Président.

Je vois scintiller les yeux sur les bancs de ces dames … Quelques rires jaunes également!

Mais c’est un amoureux qui vous demande la parole. Je sais qu’il y a eu beaucoup de déclarations d’amour lors de la dernière campagne électorale. Vous avez été un expert en la matière. Mais l’avenir nous dira dans quel registre classer vos déclarations, vos promesses et vos déclarations de bonnes intentions.

Je sais également qu’à l’Assemblée Nationale, vous avez présenté un amendement sur la biodiversité. Amendement qui a d’ailleurs été adopté le 1er octobre 2008 et on ne peut que vous féliciter, puisque cela va dans l’intérêt du pays.

Je crois savoir – Je l’ai appris par les médias – que vous avez, à cet effet, survolé la montagne Pelée en hélicoptère en début de mandature. Entre ces deux événements fortement médiatisés, il y a une constance, c’est effectivement, une effervescence médiatique.

Mais, M. le Président, il y a également, entre ces deux événements, un véritable crime! Oui, un crime contre la montagne Pelée, puisque, on l’a vu avec le feu qu’il y a eu sur la montagne Pelée, on n’a pas entendu s’élever la voix de l’autorité morale et politique que vous représentez. S’élever, efficacement bien sûr! Mais entre ces deux événements, deux ans se sont écroulés, sans qu’il y ait eu, il faut le dire, véritablement d’actions concrètes en faveur de la biodiversité.

Je vous disais que c’est un amoureux qui demandait la parole. Oui, je précise: un amoureux de la montagne Pelée. J’y ai même consacré un roman au titre évocateur, «La coulée de la Rivière Blanche», où je décris la montagne Pelée dans ses moindres recoins, ses savanes les plus reculées, ses rivières les plus discrètes, ses crevasses les plus vertigineuses, sans oublier sa légendaire Caldeira. Oui, une véritable ode à la montagne Pelée que seul un amoureux pourrait dédier à sa bien-aimée.

Mais, rassurez-vous, si je fais une intervention aujourd’hui, dans cette enceinte, ce n’est pas pour déclarer ma flamme à la montagne Pelée, c’est parce que les flammes ont failli détruire la montagne de feu et avec elle, toute sa biodiversité.

Il faut bien comprendre qu’il y a là, sur cette montagne, des espèces qui sont endémiques, non pas à la Martinique mais à la montagne Pelée. Cela veut dire que si elles ont disparu, si elles ont été détruites par le feu, elles vont disparaître de la planète. C’est pour cela qu’aujourd’hui, nous vous lançons un véritable SOS pour faire l’inventaire, pour savoir ce qu’il en est, pour sauver cette biodiversité du danger.

C’est vrai, on le sait tous, les mots sont des totems sous toutes les latitudes, y compris sous les nôtres, M. le Président. Donc, pour que mon intervention ne se résume pas elle aussi, à des mots, je vais évoquer deux propositions. Je dis bien évoquer.

La première proposition, c’est l’organisation d'un Grenelle de la montagne Pelée. Oui, un grenelle de la montagne Pelée.

Non pas un Grenelle que l’on décrète comme une espèce de frénésie pro-environnementale en début de mandature.

Non pas un Grenelle qui conduit à cette espèce d’enterrement, à l’instar du sort qui a été réservé à la «Contribution Carbone Climat» qui constituait pourtant l’article 1er de la Loi sur la Grenelle de l’environnement.

Mais, un véritable Grenelle de la Montagne Pelée, où l’on tiendrait compte, avec une approche très fine de toute la biodiversité, de la logique d’aménagement durable du territoire.

Cela veut dire que ce Grenelle va intégrer Saint-Pierre, les communes limitrophes et bien sûr, toutes les populations du grand Nord.

Si nos parvenons à faire ceci, M. le Président, une deuxième piste de travail, c’est l’inscription de la montagne Pelée au patrimoine mondial de l’UNESCO. Oui, une inscription de la montagne Pelée au patrimoine mondial de l’UNESCO pour renforcer son intérêt à la fois écologique, faunistique, floristique et scientifique, mais qui nous donnerait une meilleure lisibilité internationale, avec des retombées tant touristiques qu’économiques. Cela, c’est possible!

On parlait de rêve tout l’heure, c’est William Shakespeare qui disait: «ils ont échoué parce qu’ils n’ont pas commencé par le rêve». Nous voulons tous ici commencer par le rêve, mais prenons garde que des rêves… des rêves «pour une Martinique Nouvelle»… ne se transforment en désillusion où les populations du grand Nord seraient les grands oubliés à nouveau.

La Montagne Pelée est importante pour nous aujourd’hui. N’oublions pas que notre pays, la Martinique, c’est 1'128 km2, la Montagne Pelée s’étale, elle, sur 120 km2. Cela veut dire que la montagne Pelée occupe 1/9ème de notre territoire. Alors, comment comprendre que l’on puisse tourner le dos à 1/9ème de notre territoire et que dans un appel à projet d’attractivité du territoire on puisse oublier la montagne Pelée?

Chers amis, M. le Président, pour conclure, puisqu’il s’agit de la Montagne Pelée, je vais vous inviter à prendre de la hauteur!

Les deux projets – premièrement, un projet de Grenelle de la montagne Pelée, deuxièmement, le projet d’inscription de la montagne Pelée au patrimoine mondiale de l’UNESCO – vous le savez, puisque vous êtes parlementaire, ont été proposés par le député Alfred Marie-Jeanne le 4 mai 2010 à l’Assemblée Nationale. Dans ce pays où l’on a pris pour habitude de rendre à Césaire ce qui appartient à Césaire, je dois aujourd’hui, rendre à Alfred Marie-Jeanne ce qui appartient à Alfred Marie-Jeanne et ce sont ses deux projets qui lui appartiennent et qu’il a proposés. Projets qui ont reçu, vous le savez, un accord et avis très favorable du Ministre Borloo.

… Silence radio, silence télé, silence journal!

Pourtant, peu de temps après, quand il s’est agit de l’inscription de la Cité épiscopale d’Albi ou les Pitons, les Remparts ou du Cirque de la Réunion au patrimoine mondiale de l’UNESCO, on a été inondés d’informations et c’est tant mieux!

Aujourd’hui, prenons de la hauteur et sans sectarisme, puisqu’il s’agit de projets importants. On pourrait même penser à celui de Nelson Mandela, qui n’avait pas proposé la Coupe du Monde pour lui. Il l’a proposée pour l’Afrique du Sud. Et à propos de Nelson Mandela, rappelez-vous ce qu’il disait en 2002 au Sommet mondial de la Terre. Il disait la chose suivante: «Pas d’eau, pas d’avenir». La montagne Pelée, cette mère nourricière nous a donné l’eau, rassemblons-nous, mobilisons-nous pour qu’effectivement, nous puissions, ensemble, forger notre avenir.

Voilà les deux propositions, je dis bien qui ne sont pas mes propositions, mais que, me semble-t-il, sans sectarisme, l’on pourrait reprendre dans le cadre d’un projet d’attractivité du territoire et M. le Président, j’aimerais avoir votre avis là-dessus. Merci.

Louis Boutrin
Conseiller Régional de Martinique.

Intervention orale - extraite du PV de la plénière de la Région du 14 septembre 2010

Photo du logo : Pitcairnia spicata, endémique de la Martinique.

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