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MATCH FRANCE-TUNISIE : LE POINT DE VUE D'UN JOURNALISTE ALGERIEN

Sifflets des uns, bras d'honneur des autres
MATCH FRANCE-TUNISIE : LE POINT DE VUE D'UN JOURNALISTE ALGERIEN

Les responsables politiques français ont montré, après le match France-Tunisie de mardi, une capacité étonnante à rivaliser avec les meilleurs dans le domaine des déclarations à l'emporte-pièce.

Pris dans l'engrenage d'un système médiatique où un homme politique est contraint de tout commenter, à tout moment, pour prouver son existence, ils se sont allés à des déclarations absurdes, parfois franchement stupides, pour commenter les sifflets qui avaient émaillé la Marseillaise, hymne national français, copieusement huée par le public du Stade de France.

«Affaire d'État», a dit le Premier ministre François Fillon. «Je pense qu'il faudrait interrompre les matches quand les hymnes nationaux, quels qu'ils soient, sont sifflés», a dit M. Fillon. Il n'a pas précisé combien de sifflets seront nécessaires pour arrêter un match, et comment les juger, car il y a aussi des sifflets d'encouragement. Bernard Laporte, le secrétaire d'État français aux Sports, a été plus radical. Il a suggéré que l'équipe de France de football ne joue plus contre les équipes du Maghreb au Stade de France. «On ne va pas donner sans arrêt le bâton pour se faire battre. Ça, on n'a plus envie de le revivre, plus de matches contre l'Algérie, contre le Maroc, contre la Tunisie au Stade de France», a-t-il dit. En 40 ans, les équipes nationales d'Algérie et de France se sont affrontées une seule fois en match amical, un match qui ne s'est d'ailleurs pas terminé. À ce rythme, le prochain match entre les deux équipes aura lieu vers 2060... Pas d'inquiétude donc pour M. Laporte. Les matches de l'équipe de France contre le Maroc et l'Algérie avaient donné lieu au même concert de sifflets de la part du public au moment de jouer la Marseillaise. Lors du match contre l'Algérie, l'ancien président Jacques Chirac avait alors menacé de quitter le stade. Le public, largement dominé par les Maghrébins, avait également envahi le stade avant la fin du match, donnant lieu à une débandade rarement vue dans un stade aussi prestigieux.

Dans la surenchère actuelle, Roseline Bachelot, ministre des Sports, est en phase avec son secrétaire d'État. «Tout match où notre hymne national sera sifflé sera immédiatement arrêté. Les membres du gouvernement quitteront immédiatement l'enceinte sportive où notre hymne national a été sifflé», dit-elle, avant de se faire menaçante : «Quand un match aura donné lieu à de tels sifflets sur notre hymne national, tous les matches amicaux avec le pays concerné seront suspendus pendant un délai qui restera à fixer par le président de la fédération». À ce rythme, la France aura bientôt des difficultés à trouver des sparring-partners.

Un autre personnage important de la vie politique française, Jean-François Copé, président du groupe parlementaire de l'UMP, prône une solution tout aussi radicale. Il veut interdire de stade les siffleurs. «La répétition de ces actes scandaleux doit nous inciter à faire preuve de la plus grande fermeté : quand l'hymne national est conspué, le match doit être arrêté et des sanctions doivent être prises à l'encontre de ceux qui ont ce type de comportements. On peut par exemple envisager des interdictions de stade», a-t-il dit très sérieusement celui qui se considère déjà comme le successeur de Nicolas Sarkozy à la présidence française, sans toutefois préciser comment seront menés les tests pour désigner les siffleurs.

La solution est apportée par la ministre de l'Intérieur, Michèle Alliot-Marie, qui ne pouvait être en reste. Elle prône de retrouver les siffleurs en s'appuyant sur les images filmées au cours de la rencontre, «grâce à des caméras professionnelles implantées dans le cadre du dispositif spécifique demandé par le ministre depuis le printemps 2008 pour les matches à risque», précise-t-elle dans un communiqué très officiellement diffusé par son ministère.

En conséquence, elle a demandé au préfet concerné de signaler officiellement au procureur de la République compétent les «outrages à l'hymne national, constitutifs d'un délit». Le communiqué précise que «les interpellations qui en résulteront déboucheront sur des interdictions administratives de stade, comme pour les trois individus appréhendés à l'issue du match pour des infractions diverses».

Seul commentaire prenant le contre-pied de ce nationalisme à fleur de peau, celui de M. Claude Bartolone, député PS, qui suggère de ne plus jouer les hymnes nationaux «devant des publics qui ne savent pas se tenir». Les Tunisiens apprécieront, même si M. Bartolone développe plus loin un argumentaire différent et de qualité. «Aujourd'hui, ces rencontres internationales n'ont plus rien à voir avec du patriotisme. C'est plus lié à des activités commerciales qu'à la rencontre entre deux États», a-t-il dit, estimant que les réactions des hommes politiques sont «disproportionnées» par rapport aux faits. Les «sifflets honteux» du match France-Tunisie relèvent du même comportement que «les insultes à l'encontre des joueurs noirs», «la banderole anti-ch'ti» et «les gestes nazis», a-t-il dit. Deux consolations pour les Algériens dans cette affaire. D'une part, les supporters marocains et tunisiens ont eu le même comportement au Stade de France. D'autre part, Boudjerra Soltani, Djamel Ould Abbès et Hamid Temmar n'ont plus le monopole des déclarations à l'emporte-pièce.

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