Les mots « discriminations ethnoraciales », « inégalités de sexe, de sexualité ou de classe » ont disparu du descriptif d’une fiche de poste d’enseignant-chercheur publiée sur le site du ministère.
Qui a caviardé la fiche de poste de maître de conférences à l’Institut national supérieur du professorat et de l’éducation (Inspé) de Créteil ? En pleine polémique sur « l’islamo-gauchisme » – qui, d’après Frédérique Vidal, ministre de l’enseignement supérieur, « gangrène » les universités –, l’affaire fait grand bruit sur le campus de Paris-Est Créteil (UPEC), dont dépend cet institut de formation des enseignants.
Dans le cadre de la campagne d’emploi 2021, cette fiche de poste a été en partie vidée de sa substance puis republiée vendredi 26 février, alors qu’elle était en ligne depuis quatre jours sur le site du ministère de l’enseignement supérieur. Des mots ont été retirés, ceux-là même qui alimentent le débat lancé le 14 février par la ministre autour de recherches qui relèveraient « du militantisme et de l’opinion », et non de la rigueur académique.
Les coupes concernent deux passages dans lesquels il était indiqué que la future recrue consacrerait ses recherches à la construction et à la prévention des inégalités dans le domaine de l’éducation, « en prenant en compte les discriminations ethnoraciales, les questions de genre et de sexualité, ou les inégalités sociales ». La phrase suivante, supprimée elle aussi, ajoutait que ces recherches « articuler[aie]nt au moins deux de ces rapports sociaux et s’attacher[aie]nt à saisir les enjeux d’une approche intersectionnelle en éducation ». Dans un autre passage, ce sont les mots « inégalités de “race”, de sexe, de sexualité, ou de classe » qui ont été gommés.
La version modifiée se cantonne à une formulation générale de prise en compte des « inégalités sociales » et de « toute forme de discrimination, avec un accent spécifique sur l’égalité homme/femme ». Ultime rebondissement de l’histoire : la fiche initiale a finalement été remise en ligne mardi 2 mars.
« Nous ne sommes plus uniquement dans le discours des deux dernières semaines ; cette fois, l’intervention est réelle. Et, d’où qu’elle vienne, elle est nécessairement politique », commente un enseignant-chercheur à l’UPEC.
Plusieurs enseignants-chercheurs rapportent que, jeudi 25 février, le cabinet de la ministre aurait joint le recteur de Créteil pour lui demander d’intervenir auprès de la directrice de l’Inspé, afin que l’annonce soit modifiée.