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Niger : mort de Mamadou Tandja, président nationaliste et intransigeant

Niger : mort de Mamadou Tandja, président nationaliste et intransigeant

L'ancien président, qui a dirigé le pays de 1999 à 2010 et avait tenté de garder le pouvoir au-delà, Mamadou Tandja, est décédé mardi à Niamey.

Décidément, 2020 est une hécatombe pour les anciens dirigeants. La liste des disparus ne fait que s'allonger : après les anciens présidents burundais, Pierre Nkurunziza en juin, et Maliens, Moussa Traoré et Amadou Toumani Touré, en septembre et octobre, plus récemment le Ghanéen Jerry John Rawlings, sans oublier Sidi Ould Cheikh Abdallah, premier président de la Mauritanie, l'ancien chef de l'État du Niger entre 1999 et 2010, Mamadou Tandja, est le sixième ancien chef de l'État emporté par la grande faucheuse depuis le début de l'année.

Décédé mardi à l'âge de 82 ans, l'ex-président du Niger, reconnaissable par son éternel bonnet rouge sombre, était une figure célébrée pour sa lutte contre la pauvreté et son austérité, qui avait cherché à s'accrocher au pouvoir pour finalement être renversé par un putsch.

Une figure populaire dans la mémoire des Africains

L'émotion est vive parmi la classe politique nigérienne et bien au-delà ailleurs sur le continent. « C'est avec une profonde émotion que je viens d'apprendre le rappel à Dieu de Son Excellence Tandja Mamadou, ancien président de la République du Niger. À sa famille éplorée, et au peuple nigérien, j'adresse mes vives et sincères condoléances. Que son âme repose en paix » a déclaré sur Twitter ce mercredi 25 novembre le président Mahamadou Issoufou, qui quittera le pouvoir après deux mandats en décembre.

« Le président Tandja vient de nous quitter après avoir vaillamment lutté contre la mort. Je présente mes condoléances émues à sa famille. C'était un grand homme. Il nous laisse le souvenir d'un président au patriotisme chevillé au corps. Qu'il repose en paix ! », a tweeté l'ancien ministre de l'Intérieur et candidat du parti au pouvoir à la prochaine présidentielle, Mohamed Bazoum.

« J'ai appris avec tristesse le décès de SEM Mamadou Tandja, ancien président du Niger. Je salue la mémoire de l'illustre défunt et présente mes condoléances émues à sa famille, au président Mahamadou Issoufou et au peuple nigérien ami et frère » a écrit sur les réseaux sociaux le chef de l'État sénégalais, Macky Sall.

« Baba Tanja, vous étiez une légende vivante de notre pays. Votre engagement à l'amélioration des conditions de vie des masses populaires du Niger profond demeure inoubliable », avait récemment affirmé Oumarou Cissé Issa, un ancien conseiller à la présidence.

Trente-cinq ans avant le putsch qui l'a renversé, c'est un coup d'État qui lui avait permis de se faire connaître. Le jeune Tandja, né en 1938 dans le département de Diffa (Sud-Est), frontalier avec le Nigeria et le Tchad, a reçu des années de formation militaire au Mali et à Madagascar avant de prendre la tête de plusieurs garnisons dans le pays.

Colonel de l'armée, il avait participé en avril 1974 au renversement du premier président du Niger indépendant, Diori Hamani, par le général Seyni Kountché (mort au pouvoir en 1987).

Son nom était ainsi associé à ce régime dont beaucoup de Nigériens ont la nostalgie : les années qui l'ont suivi ayant été marquées par une instabilité politico-sociale et un appauvrissement drastique.

Plusieurs fois préfet et ministre de l'Intérieur, Mamadou Tandja acquiert la réputation d'un homme austère. « Le président se repose, il prie beaucoup mais ne parle plus de politique », confiait récemment à l'AFP Issoufou Tamboura, un proche de l'ex-président. Avant son accession en 1999 à la magistrature suprême, il avait tenté deux fois sa chance à l'élection présidentielle, en 1993 et en 1996.

Avec le temps, la rue semblait avoir oublié les derniers mois de son régime pour ne retenir que l'image de « Baba Tandja » (le Père de la nation), qui luttait contre la pauvreté.

Un homme politique intransigeant

Pourtant, il avait aussi mené la répression en mai 1990 d'une manifestation de Touareg qui avait fait 63 morts, déclenchant une première rébellion dans le nord de 1991-1995.

Propulsé par l'ex-parti unique, le Mouvement national pour la société de développement (MNSD,) il est élu président en 1999 et réélu en 2004.

Confronté à une seconde rébellion touareg de 2007 à 2009, Tandja avait opté pour la fermeté, « traitant les rebelles de bandits et ordonnant à l'armée de les mater », selon Laouali Amadou, un ancien conseiller à la présidence.

Mais pendant ses dix ans de pouvoir, Tandja a surtout séduit par son combat contre la pauvreté. L'ex-président a ainsi traîné sa haute et longiligne silhouette aux côtés des paysans victimes de crises alimentaires sévères.

« Renforcer le pouvoir d'achat des paysans, leur permettre de mieux se nourrir, d'éduquer et soigner leurs enfants, c'est ça qui m'a poussé dans la politique », répétait-il dans ses rares discours.

Sa « devise c'est : Le village d'abord, la ville ensuite », expliquait alors Issa Sorka, un de ses conseillers.

À son arrivée au pouvoir, le Niger est au bord de la banqueroute. Les mesures d'austérité butent sur une contestation sociale et des critiques d'opposants.

Acharnement à demeurer au pouvoir

Grâce aux fonds provenant de l'annulation des dettes du Niger par les bailleurs de fonds, Tandja se lance dans une politique de grands travaux avec la construction d'écoles, de centres de santé, de mini-barrages. Il électrifie des régions isolées tout en proposant des crédits aux femmes dans les zones rurales, et la gratuité des soins aux femmes et aux enfants de moins de 5 ans.

Dans la foulée, il promet « une lutte implacable » contre la corruption, « écrouant ministres et amis impliqués dans des détournements », souligne Laouali Amadou.

Lui vit de manière austère : « Une fois, j'ai remplacé un lit malfamé [usagé, NDLR] de sa chambre, et j'ai reçu en public une volée de bois vert de sa part », raconte Issoufou Tamboura.

« La seule fois qu'il est parti en vacances, c'était pour se rendre à Maïné-Soroa », son village natal, dans le Sud-Est nigérien, théâtre depuis 2015 d'attaques de Boko Haram, se souvient-il.

En 2009, à l'issue de ses deux mandats légaux, Mamadou Tandja tente de s'accrocher au pouvoir. Il veut un référendum constitutionnel qui lui permettrait de rester en place et affronte l'Assemblée nationale, qu'il finit par dissoudre.

Le pays plonge dans une grave crise politique et, en février 2010, Tandja est renversé par un coup d'État. Il est emprisonné, puis relaxé en 2011 par la justice. En 2014, il avait rompu le silence pour réclamer un audit sur la gestion du pays par la junte militaire (2010-2011). Il avait été soigné en France en 2015.

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