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NUL N’EST PROPHÈTE EN SON PAYS

NUL N’EST  PROPHÈTE EN SON PAYS

Au début de l’année 2008 un livre est paru aux éditions l’Harmattan retraçant la lutte acharnée de martiniquais pour la terre, pour l’écologie ; pour la protection du patrimoine de leur pays la Martinique et par delà ce combat traduisant leur amour pour le vivant.

Aux travers d’écrits publiés durant près de 40 ans, l’auteur raconte notamment comment, dès son plus jeune âge, il s’est battu pour que soit sauvegardée la terre martiniquaise puis comment au sein de l’ASSAUPAMAR il s’est engagé avec des martiniquaises et des martiniquais courageux et déterminés dans un combat sans merci pour la sauvegarde de la biodiversité de notre pays sans cesse menacée par le tout tourisme et l’ambition de certains hommes politiques dévoreurs d’espaces naturels et amoureux du béton.

Ce combat a concerné la protection de l’ensemble du patrimoine et partant de la biodiversité du pays : des terres agricoles, des forets, des rivières, des mangroves, de la mer

Ils ont été nourris de réflexions fondamentales pour un développement durable du pays fondé sur le respect des grands équilibres naturels, le ménagement de la biodiversité, le développement des énergies renouvelables, le transport maritime et la justice sociale.

Ce livre semble actuellement boudé par les uns et les autres, et singulièrement par une certaine classe politique et une certaine élite intellectuelle qui font mine de ne pas l’avoir lu.

Mais je ne puis m’empêcher quand j’entends le discours de certains hommes politiques qui ont le vent en poupe, de constater qu’ils y puisent désormais largement leurs idées pour se mettre en avant

Je relève que ceux qui ont décidé de faire de la biodiversité leur cheval de bataille après avoir non seulement détruit une quantité importante de cette biodiversité terrestre et marine sur le territoire qu’il gère, sont ceux là même qui se gaussaient et se moquaient de ces écologistes dénigrant leur combat et leur lançant moult mépris.

Eh oui ! ceux qui parlent de biodiversité aujourd’hui ne sont autres que ceux qui n’ont cessé d’insulter de mépriser, (et qui d’ailleurs continuent de le faire sans vergogne), ces hommes courageux qui au sein de l’ASSAUPAMAR et du MODEMAS n’ont cessé de leur demander de ne pas couper pas les arbres, de ne pas détruire nos forêts de ne pas polluer les rivières ainsi que les baies (Fort de France et du Marin) de ne pas détruire les mangroves, les coraux… car ces écosystèmes contiennent des ressources extraordinaires qui renforceront nos richesses de demain.

Ces défenseurs de la biodiversité de la Martinique ont reçu des pierres, ils ont été trainés devant les tribunaux, montrés du doigt comme des terroristes, et jusqu’à maintenant ceux qui veulent s’accaparer de leur travail pour se faire valoir continuent dans les prétoires à les présenter comme des marginaux voire comme malades mentaux.

Quel homme politique a répondu à l’appel de l’ASSAUPAMAR d’il y a près de 20 ans invitant les intellectuels de ce pays à venir rejoindre l’ASSAUPAMAR pour protéger les forêts et les terres agricoles menacées de destruction par les projets touristiques des multinationales européennes dans le cadre de la défiscalisation (Antilla n° 278 du 10 mars 1988)

Aucun !

Ils étaient bien trop occupés à prêter main forte au capitalisme destructeur en réalisant marina, terminal de croisière et hôtels à la lame battante !

Pire ! Alliant ignorance et cupidité ils n’hésitaient pas à se moquer publiquement des écologistes qui osaient demander de préserver la biodiversité contenue dans des écosystèmes comme les mangroves. Car aux yeux de ces politiciens de tels lieux n’étaient que des ilots d’insalubrité qu’ils devaient à tout prix bétonner.

Aujourd’hui ces politiques après avoir détruit une bonne quantité de notre biodiversité en faisant disparaître des forêts entières, en polluant nos plus belles baies, en asséchant nos rivières, en ensevelissant sous des chapes de bétons des mangroves riches, tentent de s’emparer, avec un cynisme indécent, du fruit de la lutte incessante et du travail de réflexion des écologistes qu’ils continuent plus que jamais de combattre et de mépriser.

Une telle attitude, au demeurant anti écologique, démontre que ces hommes politiques quand ils parlent de biodiversité ne savent même pas de quoi ils parlent et que dès lors ils ne sauraient protéger les richesses qui y sont contenues sinon ils auraient commencé par respecter ceux qui l’ayant défendue et étudiée avant eux, sont en mesure de leur apporter leur expertise.

Mais dans ces temps troublés de désastre écologique et de débâcle financière à quoi pouvons nous attendre au plan politique sinon au triomphe du populisme, des démagogues de tout poil qui nous mènent tout droit vers l’arbitraire politique.

La biodiversité qui reste en Martinique grâce à l’ASSAUPAMAR peut elle être réellement préservée par ceux là même qui l’ont appauvrie ?

Je ne le pense pas quand je regarde ce que ces hommes sont en train de réaliser et qui nous font au contraire craindre le pire. .

Comment parler de biodiversité quand on détruit chaque jour, les quelques ilots de verdure qui existaient au cœur du centre ville ? Quand sous prétexte de sécurité on dépouille la Savane de ses atours végétaux pour les remplacer par le… béton. Quand nous voyons émerger au cœur de ce petit centre ville vieillot certes mais coquet, des énormes et imposants bâtiments de béton appelés centres commerciaux.

Quelle biodiversité protège-t-on quand on ne cesse de bétonner le littoral, quand on fait des avancées démentielles de béton dans la mer.

Depuis quand notre biodiversité marine se nourrit elle du béton et de gaz oïl ?

Par delà le discours il y a les actes. Et quand les actes démentent le discours on est dans le mensonge et la mystification.

Pour nous les écologistes la biodiversité ne doit pas être un mot pour redorer le blason terni de quiconque mais une réalité qu’il nous faut défendre.

Car c’est la préservation de la richesse biologique qui nous reste et dont nous faisons partie qui nous permettra d’impulser un développement durable et solidaire.

La biodiversité implique des actions concrètes et positives ainsi la réhabilitation de ce qui reste de la baie, de Fort de France, une politique offensive de replantations des espèces disparues et de revivification des mangroves détruites.

Mais nous le voyons bien, « Big Brother » est déjà là, partout sur cette planète. Il revêt toutes sortes de formes et les années à venir seront très difficiles pour les honnêtes hommes, et singulièrement pour les vrais écologistes qui devront s’attendre à des attaques de toutes parts et à des manœuvres de déstabilisation aux fins de récupération de leur pensée et de leur combat pour mieux asseoir des démarches prédatrices et illégitimes.

Les attaques incessantes de l’Etat français contre le maire écologiste de SAINTE ANNE, en dépit du vote populaire, dans le but de mettre un frein à la seule politique de développement durable et solidaire fondée sur le respect et le ménagement de la biodiversité, amorcée en Martinique sont là pour nous le prouver.

De même les poursuites actuelles du procureur de la république française contre les défenseurs du patrimoine martiniquais devant les tribunaux pour avoir voulu justement préserver la biodiversité marine attaquée par des prédateurs européens, nous montrent également que ce processus est en marche.

Mais saurons nous faire peuple, et dire à ces prédateurs de tous poils que nous ne sommes pas dupes et que nous refusons de mourir ?

Saurons-nous reconnaître nos prophètes ceux qui nous montrent réellement le chemin et faire mentir l’adage « nul n’est prophète en son pays » ?

Foyal le 4 octobre 2008

{{C. DUHAMEL}}

Secrétaire générale du MODEMAS

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