Contrairement à ce croient et font croire un certain nombre d'hurluberlus sur le Net, la Martinique n'est pas le centre du monde. Et les riches touristes ne viennent pas chez nous.
Ils vont à Acapulco, à Hawaï, aux Baléares, aux Seychelles ou à Las Vegas. Ceux qui viennent dans notre île, dont les plages sont riquiquis et ridicules en comparaison de celles d'Hawaï ou des Seychelles (sauf celle du Diamant), sont des smicards d'une part et des petits ou moyens bourgeois, de l'autre. Le smicard économise sou par sou sur ses maigres et quelques 1.000 euros par mois, cela pendant un an, voire deux, pour s'offrir une semaine au soleil. De préférence chez l'habitant ou dans un gite. Un peu mieux lotis, les petits et moyens bourgeois (enseignants, administratifs, médecins généralistes, petits patrons etc.) restent dix ou douze jours mais à l'hôtel. La Martinique ne possède pas d'hôtel de grand luxe, sauf dans l'esprit des hurluberlus déjà cités dont l'horizon ne s'étend que des Salines à Grand-Rivière.
Qu'on le veuille ou non, ces touristes font travailler chauffeurs de taxi et de bus, guides, loueurs de voitures, personnel hôtelier, restaurants etc. Ailleurs dans la Caraïbe, tant dans la capitaliste (Barbade) que dans la communiste (Cuba), le touriste est protégé par les autorités. Ce qui s'est passé l'autre jour à l'Anse Couleuvre, au Prêcheur, à savoir l'agression de touristes par des activistes, touristes dont les effets ont été jetés à l'eau, aurait valu, à Cuba comme à Barbade, arrestation immédiate et incarcération de leurs auteurs. Or, rien de tout cela à la Martinique !
Non seulement l'Etat français n'a pas bougé mais le maire de l'endroit à même approuvé à moitié cette agression.
Comment comprendre pareilles attitudes ?
Du côté de l'Etat français, on laisse faire pour deux raisons : d'abord, ces activistes ne réclament pas l'indépendance ou en tout cas ce mot est totalement absent de leurs prises de parole. Car, enfin, en bonne logique, si l'on ne veut pas du "Blanc", il faut s'en séparer au plus vite et non perdre son temps à casser des statues. Ensuite, l'Etat français est ravi de voir la classe politique martiniquaise, toutes tendances confondues, complètement tétanisée devant une soixantaine d'activistes. L'image du maire de Fort-de-France enchaîné par ces derniers est encore dans toutes les mémoires et pareille humiliation ne peut que réjouir L'Etat français. "Tant qu'ils se bouffent entre Nègres, on s'en fout !" a-t-on pu entendre en voix off et dans les couloirs d'une grande administration étatique.
Du côté de nos politiciens, de tous bords, répétons-le, on ne sait que dire ni que faire. Le PPM a condamné des "vandales" avant de rétropédaler ; le MIM semble inaudible sur le sujet ; la Droite condamne mais timidement. Seule l'extrême-gauche approuve les activistes, feignant de ne pas voir que la lutte des races a remplacé la lutte des classes et qu'il s'agit là d'un petit jeu dangereux. Les touristes agressés au Prêcheur étaient des travailleurs, pas des millionnaires, et ne pas condamner leur agression quand on a Marx ou Lénine à la bouche toute la journée est tout simplement une honte. Sinon, ces activistes campaient (en toute illégalité puisque cette pratique est interdite sur le territoire de cette commune, comme l'a rappelé son maire tanbou a dé bonda). Or, depuis quand, le camping est-t-il une activité...nègre ? On ne croit pas savoir que ni Toutankhamon ni Marcus Garvey ni Haïlé Sélassié campaient ! En Martinique, ce truc de Blancs n'a été adopté par les petits bourgeois qu'à la fin des années 70. Mais il est vrai que cela facilite la consommation en toute discrétion d'une certaine herbe, consommation que ne condamnent pourtant pas nos marxistes-léninistes.
N'est-il pas temps, grand temps, pour la classe politique martiniquaise, pour les intellectuels et autres ministres du Verbe, surtout autonomistes et indépendantistes, de sortir de leur tanière et de dire STOP à cette chienlit qui obscurcit notre difficile combat pour la souveraineté nationale ? Car enfin, après le déboulonnage de statues, le blocage de supermarchés ou l'agression de touristes (dont un bus avaient d'ailleurs vu ses pneus être crevés aux abords de l'aéroport un an avant l'incident du Prêcheur), QUEL EST LE PROGRAMME ? Si par hasard, c'est l'indépendance, va-t-on proposer aux Martiniquais de vivre de "laso-tè-" et de "bèlè" aussi respectables soient ces pratiques ? Mais dans le fond, cette irruption d'activistes est une bonne chose car elle amène à poser aux partis dits indépendantises la même question : QUEL EST VOTRE PROGRAMME ? On ne parle pas de blabla fanonien, marxiste-léniniste, trotskyste ou autre, mais de chiffres précis : comment allons-nous payer notre facture énergétique (à moins de revenir à la bougie) ? Qui va payer les infirmières, les enseignants, les éboueurs, les policiers, les douaniers, les facteurs etc..? Quelle unité monétaire utiliserons-nous ? Etc...
Si donc, par contre-coup, l'activisme pouvait pousser nos indépendantistes à rédiger enfin des programmes concrets et chiffrés, ce serait finalement une bonne chose...
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