Les demandes du grand chef de Kanesatake, Serge Otsi Simon, font leur chemin à l'Assemblée nationale.
Les parlementaires ont adopté à l'unanimité mercredi une motion qui, pour la première fois, impose au gouvernement du Québec une part de responsabilité quant à la promotion et la protection des langues des Premières Nations qui occupent le territoire québécois. Cette responsabilité repose en principe sur les épaules du gouvernement fédéral.
Le grand chef du Conseil mohawk de Kanesatake, Serge Otsi Simon
Lundi, le grand chef Simon avait lancé un appel pressant à la discussion au gouvernement Legault : selon lui, modifier la Constitution sans y inclure la protection de la langue et de la culture des Autochtones équivaudrait à une deuxième colonisation, alors que Québec entend y enchâsser la reconnaissance de la nation québécoise et du fait français avec son projet de loi 96.
La motion, présentée par la députée solidaire Manon Massé, s'ouvre sur la reconnaissance du français et sa protection, mais rappelle que la Charte de la langue française reconnaît explicitement le droit des Premières Nations et des Inuits de maintenir et de développer leurs langues et leurs cultures.
La motion invite ensuite à reconnaître que plusieurs langues autochtones sont menacées de disparition et appelle l'Assemblée nationale à reconnaître que les onze nations autochtones au Québec ont, tout comme la nation québécoise, le droit de vivre dans leurs langues, de les promouvoir et de les protéger, et c'est là qu'elle ajoute que le gouvernement du Québec a une part de responsabilité à assumer à cet égard.
Prenant acte de l'appel lancé par Serge Otsi Simon, la motion souligne l'urgence pour le gouvernement du Québec d'entreprendre des pourparlers avec les représentantes et les représentants des Premières Nations et des Inuits afin de négocier, tel qu'adopté à l'unanimité par cette Assemblée le 8 octobre 2019, la mise en œuvre de la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones.
Enfin, elle rappelle que Québec s'est engagé à concrétiser les recommandations du rapport de la Commission d'enquête sur les relations entre les Autochtones et certains services publics au Québec (la commission Viens), ce qui commande des actions relativement à l'usage des langues autochtones dans les services publics.