REVENONS A DES CHOSES PLUS SERIEUSES;;;
Il y a quelques jours, avant le premier tour des élections territoriales, l'un des collaborateurs de notre site, Prosper Adamis, employait une jolie expression dans un article : "la brume de sable électorale".
Frappante métaphore de la situation dans laquelle a vécu un mois durant la Martinique.
C'est que d'abord, les brumes de sable viennent d'ailleurs. Les vraies sont sahariennes et proviennent d'Afrique. Les électorales sont françaises ou en tout cas décidées par la France. Dans l'un ou l'autre cas, nous, Martiniquais, n'y pouvons rien. Nous les subissons, nous faisons avec. Ensuite, elles sont réputées nocives : les sahariennes transportent des particules fines qui mettent à rude épreuve la santé des personnes ayant des problèmes respiratoires comme les asthmatiques ; les françaises mettent à mal nos oreilles (concerts de mégaphones dans nos quartiers à toute heure du jour et de la nuit) et nous agacent (trop de promesses mirobolantes et donc rarement tenues).
Mais, fort heureusement, les brumes de sable, climatiques ou électorales, sont passagères.
Elles durent deux jours, une semaine, rarement deux et puis se dissipent. Nous pouvons alors enfin respirer un peu. Jusqu'à la prochaine invasion sablonneuse ! Mais il y a toutefois une énorme différence entre les deux types de brumes : alors que les sahariennes, masquent notre beau ciel bleu pâle, lui mettent un affreux masque grisâtre et nous rendent moroses, les françaises, à l'inverse, nous mettent en joie. Nous applaudissons à tout rompre dans les meetings, nous rivalisons de posts et de vidéos sur Facebook, nous multiplions les messages whatsap, nous supputons les chances des différents candidats durant des heures.
La brume de sable électorale nous a fait oublier le chlordécone, le chômage, l'exil de nos jeunes, la bétonisation de nos terres agricoles, la corruption d'une grande partie de nos élites, les ravages de la drogue, les déchaînements de violence, l'omnipotence économique békée etc... Certes, il en a été question dans les prises de paroles et déclarations des candidats mais l'enjeu ne se situait pas à ce niveau. Pas du tout ! L'enjeu était celui-ci : qui va gagner ces élections ? Tartempion ou Tartempionne ? En fait, nous étions dans une sorte de pit (gallodrome) et chacun (e) d'entre nous avait son coq favori.
Mais les combats de coq ont une fin. Il y a toujours un gagnant.
Et une fois le combat terminé, une fois l'élection clôturée, une fois la brume de sable électorale dissipée, voici que nous nous retrouvons comme groggys. Les problèmes listés plus haut nous reviennent en pleine figure tels des boomerangs. Nous voilà Gros Jean comme devant. Cela par notre faute car nous savons pertinemment, au plus profond de nous, tout en refusant de l'admettre, que la seule issue, la seule porte de sortie, est celle empruntée par Ti Jean L'Horizon.
Ce personnage des contes créoles d'antan qui savait comment "sortir hors des jours étrangers"...