En clair, la personne qui a des problèmes de "fin du mois", à savoir un portefeuille (et donc un frigo) presque vide le 10 de chaque mois, n'en a que faire de "la fin du monde" à savoir la fonte des glaciers, les sécheresse récurrentes, le réchauffement climatique et autres dadas de petits et grands bourgeois qui, eux, peuvent attendre la fin du mois sans trop de soucis.
Les moins hostiles aux écologistes nuançaient de la sorte : "L'école sans la lutte des classes, c'est du jardinage".
Ouais...
Sauf que la "fin du monde" vient brutalement de se rappeler au bon souvenir de tout le monde : températures caniculaires au Canada (45% à Vancouver), incendies de forêt bien avant le moment habituel dans l'Ouest des USA, pluies diluviennes en Europe (Allemagne, Belgique, Autriche etc.) avec leur cortège de morts et de dégâts, un énorme barrage en Chine qui menace de rompre à cause, là encore, de pluies sans précédent, mettant gravement en danger une région de 7 millions d'habitants. Et le pire du pire : 1 millions de personnes au bord de la famine à Madagascar à cause d'une sécheresse jamais vue etc...
Tout cela peut paraître loin de notre petit "paradis insulaire" comme le vantent les brochures touristiques mais ce n'est pas le cas pour au moins trois raisons :
. la première concerne l'inexorable montée des eaux, plus exactement des océans, partout à travers le monde à cause de la fonte des pôles. Nous en avons un exemple très concret chez nous : la splendide plage des Salines des années 70 n'a rien à voir avec celle de 2021. Elle a tellement rétréci en un demi-siècle que la voir dans pareil état fait mal au coeur à celles et ceux qui l'ont connue. Et il en va de même des plages de la côte Caraïbe, notamment celles du Carbet. En fait, c'est toute la Martinique qui rétrécira !
. le dérèglement des saisons qui fait que nous ne savons plus quand nous sommes en carême et quand nous sommes en hivernage, chose très dommageable pour au moins deux secteurs importants de notre économie : l'agriculture et le tourisme. Sans même parler des cyclones plus nombreux qu'autrefois et potentiellement plus dévastateurs. Notre voisine, la Dominique, en a fait par deux fois les frais au cours de la décennie écoulée.
. la faillite de notre système économique fondé sur le tout-importation et la surconsommation. Non seulement ce système n'entraîne aucun développement réel et endogène, mais il contribue à détruire l'agriculture paysanne en favorisant la bétonisation des terres agricoles (1.000 hectares par an dans un pays minuscule de 1.100KM2), n'offre pas d'emplois à notre jeunesse (même celle qui est diplômée), nous rend trop dépendants au niveau alimentaire et énergétique tout en favorisant l'installation importante de retraités européens et de migrants caribéens (ce qui fragilise encore davantage notre désarroi identitaire puisque 4.000 de nos jeunes s'en vont chaque année sans guère un espoir de retour et que notre population vieillit inexorablement).
En fait, s'il y a un pays au monde où il n'y a pas de contradiction entre "fin du monde" et "fin du mois", c'est bien la Martinique ! Or, aucun des partis politiques ayant pignon sur rue n'est en mesure de faire valoir notre unique porte de sortie : la mise en place d'une "société de sobriété". Sauf les écologistes mais leur impact électoral est, hélas, encore limité...
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