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Réforme du bac Les langues régionales à la sauce Blanquer

L'express - Michel Feltin-Palas
Réforme du bac Les langues régionales à la sauce Blanquer

C'est un triste symbole. Déjà réduit à la portion congrue en France, l'enseignement des langues dites "régionales" risque de régresser encore un peu plus. En cause ? Le sort que leur réserve Jean-Michel Blanquer, le ministre de l'Education nationale, dans le cadre de sa réforme du bac. C'est bien simple : dans la première mouture du texte, toutes les évolutions ou presque les concernant allaient dans le mauvais sens. En voici quelques exemples.

· Pour un lycéen, l'intérêt "comptable" d'étudier la langue historique de sa région en option allait fortement diminuer. Jusqu'ici, quand un jeune Montpelliérain décrochait un 20/20 en occitan-langue d'oc - hypothèse d'école -, il augmentait sa moyenne générale de 0,5 point. Telle qu'était prévue la réforme, cela ne lui aurait plus rapporté que 0,2 point.

· Le handicap relatif dont elles souffraient déjà à l'égard des langues anciennes allait s'accentuer. Demain, en effet, seuls le latin et le grec pourront être retenus parmi les options qui "rapportent" quand l'élève obtient une note supérieure à 10.

· Enfin, il n'était plus possible de présenter l'épreuve du bac en langue régionale en candidat libre. Or cette possibilité était décisive pour les jeunes qui habitent ou étudient trop loin des rares lycées où ces langues sont enseignées.

Un peu partout en France, ces funestes évolutions ont évidemment alarmé les amoureux des langues minoritaires, qui ne cessent de protester et de manifester depuis plusieurs mois (ils le feront encore le dimanche 17 à Toulouse). Avec un certain succès puisque, tout récemment, Jean-Michel Blanquer a consenti un effort en faisant entrer les langues régionales parmi les "enseignements de spécialité". Conséquence concrète : "Un élève pourra les étudier pendant quatre heures en première et six heures en terminale, et le poids de l'épreuve pourra atteindre jusqu'à 15 % de la note finale", souligne-t-on au ministère de l'Education nationale. Où l'on insiste sur une autre avancée de la réforme : "Auparavant, il fallait impérativement être inscrit dans la filière L pour bénéficier du meilleur coefficient. Désormais, cette possibilité sera ouverte à tous les lycéens." Enfin, on laisse entendre que l'interdiction pour un élève de passer une épreuve en candidat libre pourrait être assouplie. "La question n'est pas encore tranchée", assure-t-on.

Il s'agit là d'avancées réelles, mais qui ne rassurent pas sur le fond. "Notre crainte est qu'en mêlant les langues minoritaires aux "cultures étrangères", on n'oblige les élèves à choisir entre anglais et langue régionale. Auquel cas il s'agira d'un simple effet d'annonce, sans conséquences concrètes sur l'enseignement de nos langues au lycée", s'inquiète Marie-Jeanne Verny, de la Fédération des enseignants de langue et culture d'oc (Felco).

Pour être techniques, ces arbitrages sont décisifs dans la mesure où les langues minoritaires, enfermées depuis des siècles dans un statut d'infériorité vis-à-vis du français, sont aujourd'hui moribondes et ne se transmettent quasiment plus dans les familles. Seule l'école peut encore les sauver, à condition toutefois qu'on leur réserve un cadre attractif. Or, même amendé, le projet Blanquer reste très loin du but. Et l'on peut déjà écrire la suite. Dans quelques années, l'Etat "constatera" que de moins en moins d'élèves suivent les cours d'occitan-langue d'oc, de basque ou d'alsacien. En versant quelques larmes de crocodile, il en tirera les conséquences en réduisant les heures d'enseignement et en diminuant le nombre de postes de Capes. Ce qui aggravera encore le mal, et conduira peu à peu à la disparition des derniers locuteurs. Force sera de constater que l'Etat n'aura pas su - ou pas voulu - sauver des langues pourtant considérées comme appartenant au patrimoine de la France.

Devant ce dépérissement majeur, on s'attendrait à des mesures radicales, comme le ferait sans doute le ministre de la Culture si les murs du Louvre se fissuraient de toutes parts. Mais non. Ici, le ministre de l'Education se contente d'affirmer benoîtement : "Le cadre d'enseignement des langues régionales au lycée n'est en rien modifié par la réforme du baccalauréat."

On ne sait si Jean-Michel Blanquer a déjà lu les grandes oeuvres de Frédéric Mistral, Per Jakez Hélias ou Simin Palay, mais, visiblement, il connaît très bien le Tartuffe de Molière.

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