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Relire ou découvrir Vincent Placoly

Relire ou découvrir Vincent Placoly

   Il y a des gens qui ont dû mal à comprendre qu'un écrivain ou, plus exactement que l'œuvre d'un écrivain dépasse de beaucoup sa personne, mais aussi et surtout les écoles littéraires, mouvements culturels, partis politiques etc. auxquels il a pu appartenir au cours de sa vie. Le cas d'Aimé CESAIRE est le plus flagrant : son œuvre est presqu'entièrement réduite ou sans cesse ramenée au mouvement de la Négritude et au PPM. En Martinique en tout cas. Pas dans les grandes universités du monde, notamment en Amérique du Nord, où son œuvre est étudiée et disséquée. Il en va de même pour Edouard GLISSANT (le Front Antillo-guyanais, l'Antillanité, l'IME) ou encore Patrick CHAMOISEAU (la Créolité, le Grand Saint-Pierre).

   Vincent PLACOLY en est un autre exemple. Il est certes cofondateur du parti Révolution Socialiste, il y a milité durant sa (relativement) brève existence, il a écrit régulièrement dans son journal etc., mais son œuvre n'est absolument pas réductible aux principes du trotskisme. Penser pareille chose revient à passer totalement à côté de ce qu'est la littérature et de la manière avec laquelle elle influe sur la réalité. Si PLACOLY est connu comme le chante de l'Américanité, mouvement littéraire tout aussi intéressant et riche que la Négritude, l'Antillanité ou la Créolité., son premier roman publié en 1971, à l'âge de seulement 25 ans, chez l'éditeur parisien Denoël, met en scène les remémorations amères d'un immigré antillais en France, Marcel GONSTRAN, qui tombera amoureux d'une prostituée bretonne, Eleonora. Roman-choc, roman-coup de poing, ce texte délaisse le monde de "l'Habitation" si cher aux auteurs antillais, pour celui, tout aussi terrifiant de la vie En l'Autre Bord, à des milliers de kilomètres de chez soi. LA VIE ET LA MORT DE MARCEL GONSTRAN n'a pas pris une ride !

   Après L'EAU DE MORT-GUILDIVE, son deuxième roman, paru en 1973, V. PLACOLY publie aux éditions La Brèche, en 1983, UNE JOURNEE TORRIDE : CHRONIQUE DE LA DECOLONISATION. Texte tout à fait étonnant puisqu'il met en scène un Béké (Blanc créole) en état de délire onirique qui fait même un rêve prémonitoire dans lequel il voit sa plantation incendiée par ses esclaves. Il en acquiert tout soudain une lucidité extrême sur le réel esclavagiste qui fera de lui un autre homme. Texte qui refuse le manichéisme Nègre contre Blanc, il préfigure les tentatives diverses qui seront faites dans les décennies suivantes pour tenter de trouver un modus vivendi entre les deux ethogroupes. Il se dit__est-ce une légende ?__qu'un jour, PLACOLY vit une grosse voiture noire s'arrêter devant chez lui, conduite par un chauffeur en livrée qui descendit ouvrir la porte arrière à un vieux Béké qui en descendit avec difficulté et sonna à la porte pour demander respectueusement de lui dédicacer cet ouvrage. Puis, il repartit du même pas vers sa voiture ! Quoiqu'il en soit PLACOLY n'était pas un homme de haine et il avait le racisme en horreur, y compris le racisme inversé.

   Romancier, essayiste, Vincent PLACOLY fut aussi un grand homme de théâtre avec, chose que l'on sait peu, certaines pièces écrites en créole comme "DON JUAN". Il obtint d'ailleurs le Prix Casa de las Americas (Cuba) pour sa pièce DESSALINES en 1983. Un auteur à découvrir ou redécouvrir donc toutes affaires cessantes, l'un des plus grands de la littérature martiniquaise et caribéenne.

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