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RENDEZ-NOUS EN-VILLE…

Patrick MATHELIÉ-GUINLET
RENDEZ-NOUS EN-VILLE…

Qu’a-t-on fait du charme de nos maisons créoles,

des balcons fleuris aux façades colorées,

de la fraîcheur ombrée de ces cours intérieures

donnant asile aux pas trop las du voyageur ?

 

Où sont les murs en bois, les persiennes fermées

où pouvaient s’abriter le rêve et le mystère,

les parterres de fleurs et les espaces verts ?

Le béton et l’acier les ont tous recouverts !

 

Mais où donc est passée la joie de ces nuits folles

aux rythmes effrénés par les vapeurs d’alcool ?

Envolée, d’un peuple insouciant, la bonne humeur

que le gris béton ronge comme une tumeur !

 

Hélas, aujourd’hui, ma ville n’a plus de cœur :

il cesse de battre tous les soirs à six heures

et, dès la nuit tombée, Fort-de-France se meurt…

Plus aucun mouvement dans les quartiers déserts

 

dont les rues sont livrées aux errants, aux gangsters !

Sur les murs, on peut voir comme seules couleurs,

celles déposées par le talent des tagueurs.

La beauté sacrifiée à la modernité

 

car il faut bien montrer que nous sommes évolués.

Là, du coup, chaque architecte y va de son style

quand il s’agit de faire évoluer notre ville…

Un bien grand mot quand c’est sans la moindre unité

 

que de briques et de broc est bâtie la cité.

C’est à croire qu’on nous envoie les plus mauvais

ou peut-être qu’alors on les paye au rabais

tant ce qu’ils ont construit est de plus en plus laid !

 

La justice est rendue sous un hangar d’acier.

Pire : la mairie a sa façade rouillée.

“Lumière de Sagesse” est même un nom donné

à ce dard de ciment sodomisant les cieux

 

tout au bord de la baie comme une insulte aux yeux !

Ailleurs, on a mis la boule à tout un quartier

que l’on a transformé en immense chantier

par des travaux sans fin, éventré, poussiéreux…

 

Après, on se plaint que désertent les touristes

mais en fait on n’a rien fait pour les attirer.

Pas de convivialité, l’atmosphère est triste,

la ville a perdu toute originalité…

 

Qu’est-il donc advenu de notre identité ?

Rendez-nous la biguine des orchestres le soir,

les madras colorés, les parfums épicés

et tout ce qui jadis faisait notre fierté,

 

rires et chants, la chaleur de nos nuits tropicales.

Redonnez au visiteur quelque chose à voir

dans les rues animées de notre capitale.

Ce monde que vous créez est trop gris et laid

 

pour que s’y sente bien notre peuple antillais.

Remettez le soleil en mitan de nos cœurs,

sur tous les visages un sourire de bonheur

en rendant à Foyal son âme et ses valeurs !

 

Patrick MATHELIÉ-GUINLET

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