{ {{Mon frère, mon camarade Robert Davezies est mort.
Homme discret, généreux et rebelle, ce prêtre ouvrier était un authentique militant anticolonialiste. Compagnon de lutte de Marcel Manville, il a toujours soutenu, sans préalable, la lutte de libération dans les dernières colonies y compris les colonies françaises. Il a participé aux travaux du Cercle Frantz Fanon ici en Martinique.
Ce combattant de la liberté est mort le 23 décembre 2007.
Toute sa vie a été un engagement aux côtés des sans voix. Puisse un jour, nos pays indépendants lui rendent l’hommage qu’il mérite. Robert Davezies était des nôtres. Il continue à vivre dans nos têtes et dans nos coeurs.}} }
Pierre Papaya
{{(Quelques éléments de sa vie - Source AFP)}}
Robert Davezies, prêtre de la Mission de France ("prêtre ouvrier"), mort fin décembre à Paris à l'âge de 84 ans, fut un militant de l'indépendance algérienne, ce qui lui valut un séjour en prison, mais aussi de nombreuses causes "tiers-mondistes".
"Prêtre rebelle", peu médiatique, souvent en difficulté avec l'Eglise mais jamais jusqu'à la rupture, il se dira toute sa vie "au service de Dieu et des pauvres", mais restera jusqu'au dernier jour un "simple militant", toujours prêt à discuter, à expliquer, à argumenter.
La droite et une partie de la gauche critiqueront, au début des années 60, celui en qui ils voyaient un prototype du "porteur de valise" du FLN (Front de libération nationale), une acccusation qui le faisait sourire.
Passionné de mathématiques, physique et littérature, il intègre, en 1955, les laboratoires de l'Ecole normale supérieure. Il sera finalement chercheur en mathématiques. Mais le centre de sa vie, ce seront toujours ses engagements politico-religieux.
Robert Davezies est né à Saint-Gaudens (Haute-Garonne) le 30 avril 1923. Il gardera d'une enfance un accent toulousain prononcé et un goût de la convivialité. La guerre d'Algérie le met sous les feux de l'actualité. Membre du réseau "Jeanson" (du nom du philosophe Francis Jeanson), il est arrêté en avril 1961, pour son aide au FLN.
Condamné à trois ans de prison, il reste quinze mois à Fresnes. Il sera libéré après une grève de la faim. "En prison, j'ai enseigné (aux Algériens détenus) les mathématiques. Certains sont passés en six mois du niveau du certificat d'études à celui de la classe de seconde de lycée", se félicitait-il, une fois libre.
"Tous me parlaient de leur enfance. En prison, on parle de son enfance", ajoutait cet homme énergique, décontracté, habillé en civil, avant même le Concile Vatican II (1963-65).
Dans les années 60, proche du communiste égyptien Hubert Curiel, il est souvent qualifié de "prêtre d'extrême-gauche". Il poursuit une action anti-coloniale ou "anti-néo-coloniale".
Il écrit dans l'hebdomadaire Témoignage chrétien, alors dirigé par Georges Montaron, et lance, au sein de ce groupe de presse, la revue "Echanges et dialogue", qui regroupe des chrétiens progressistes, favorables notamment à une "décléricalisation" de l'Eglise.
Très proche des milieux révolutionnaires d'Amérique latine, notamment colombien et argentin, il plaide leur cause auprès des mouvements de gauche français.
En mai 68, son petit logement parisien, en plein Quartier latin, est un lieu de discussions "non stop" entre étudiants, mais aussi ouvriers et scientifiques. Il est considéré comme un des chrétiens les plus engagés dans ce qu'il considérait commme "la révolution du XXè siècle".
Robert Davezies est resté fidèle jusqu'au bout à ses convictions, refusant de considérer ses combats comme "démodés". Il est décédé le 23 décembre dernier.
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