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SOLILOQUE DE CONFINE (5)

Raphaël CONSTANT
SOLILOQUE DE CONFINE (5)

Nous nous orientons vers le début de la fin.

Au moins sur ce point, le premier ministre français a été clair. Ce n’est pas la fin du confinement que le président annonçait le 13 mars.

Pour le reste, bonjour les dégâts au niveau de la communication. Tout cela manque singulièrement de clarté ! Sans entrer dans de longs débats comment expliquer qu’en « zone verte », ce gouvernement interdise les rassemblements à plus de 10 mais autorise qu’on mette dans une salle de classe 15 élèves et un enseignant ! Complètement bancal. Ma fille restera donc à la maison et nous nous adapterons au niveau du travail. Car il est manifeste que le plan consiste à renvoyer les enfants aller à l’école pour que les parents retournent travailler.

L’économie non pour le développement harmonieux des humains mais pour les profits d’une minorité. Avant tout ! Nous en sommes toujours là. Pour le moment, l’après est comme l’avant et rien n’a été réinventé pendant le confinement. Travailler à tout prix. Ainsi la foudre médiatique et patronale est tombée sur la CGT qui a saisi un juge pour demander l’interdiction d’ouverture une usine de fabrication d’automobile dans le nord de la France pour absence de protection des travailleurs. Un lobby libéral propose clairement de supprimer une partie des congés payés, un jour férié et des RTT pour qu’on travaille plus. La logique qui prévaut est de repartir comme avant, et même en pire, comme si rien ne s’était passé.

Nul doute qu’il faudra encore se battre pour remettre l’homme et le développement durable au centre des préoccupations des gouvernants.

En Martinique, rien n’a vraiment changé. Le 7 mai, le Préfet est venu annoncer comment le déconfinement se déroulerait sur notre île. Tout seul comme un grand exécutant les décisions de Paris. Pas l’ombre du début d’un « zélu local » à l’horizon. Le début du déconfinement est en place mais les demandes de parlementaires, les exigences de la CTM ont été passées en perte et profit. Bref, les « stratégies martiniquaises » appelées des vœux de nombreuses personnes ont échoué à s’imposer. Le pouvoir français ne les a pas combattues mais les a tout simplement méprisées.

A-t-on bien conscience ou bien compris que pendant cette crise sanitaire, les principaux responsables qui l’ont géré en Martinique ne sont pas martiniquais, ne sont en Martinique que de passage et en qualité de fonctionnaires d’un état qui des sargasses au chlordécone s’est montré incapable de protéger notre collectivité ? Ces individus n’ont aucun compte à rendre au peuple martiniquais, n’ont aucune légitimité démocratique et ne sont pas comptables devant lui. A titre anecdotique, cela s’illustre par l’arrogance et le mépris avec lequel ces personnages répondent aux questions des journalistes dès que ceux-ci sortent (oui, cela arrive) de l’obséquiosité et de la révérence auxquels ils pensent avoir droit. Sur le fond, cette situation est l’illustration de la dépendance de notre pays, de sa situation coloniale (et non post coloniale comme on se plait à le dire).

Le Collectif Covid-19 formé de médecins, de scientifiques, de syndicats de soignants a eu le mérite d’exister pour tenter de faire entendre une voix propre à notre pays. Je ne doute pas de la bonne volonté de Francis CAROLE qui n’a cessé de répéter pendant plusieurs semaines qu’il fallait une « stratégie martiniquaise » face à la crise sanitaire. Force est de constater que cela s’est échoué sur la réalité de dépendance de notre pays. Il est d’ailleurs sinon systématique mais illustratif que les martiniquais ont appris que les collèges et lycées (dépendants de la CTM) n’allaient pas ouvrir le 11 mai de manière fortuite lors du discours de MARIE JEANNE devant le premier ministre français.

Le « président des martiniquais » rend compte au « premier ministre des français » ? Une parodie louverturienne ?

Comme hier, aujourd’hui et plus que jamais demain, la question est celle de savoir si nous sommes un peuple ? Pour cela déjà, se considérer comme tel serait un pas en avant. S’il est vrai qu’aujourd’hui l’extrême majorité des martiniquais ne se considère pas comme français, une large part continue de penser qu’il est de leur intérêt de le rester, leur dignité monnayable en dépendances sonnantes et trébuchantes. Il n’y a pas de doute que nous sommes un peuple mais il nous reste à devoir l’assumer.

Je pense vraiment que contrairement à ce que l’on dit, ce n’est pas le peuple qui n’est pas prêt mais bien nos supposées « élites » qui couvrent leur renoncement au nom d’une impréparation (du peuple) qu’en fait, ils entretiennent et chérissent.

« Nos » élites, égales à elle-même, entre plaintes et vaines rodomontades n’ont guère été à la hauteur des enjeux au cours des deux mois qui viennent de passer. Le débat sur les coupures d’eau ne les a pas grandis car c’est une débâcle générale pour toute la classe politique de près ou de loin aux affaires depuis une décennie. Et les guéguerres entre « nos » présidents en pleine assemblée plénière ne vont pas arranger la vision qu’on aura d’eux. Quant aux explications sur la non-ouverture des écoles (position fondamentale juste) cela a souvent dérapé.

Il est vrai que notre caste politique est entre le marteau et l’enclume. Elle gère bien et elle est un rouage du système de la dépendance. Elle gère mal et elle démontre l’utilité de la dépendance. Elle devrait sortir des sentiers battus mais elle ne le peut ni intellectuellement, ni politiquement.

S’il n’est pas à espérer des « élites » il reste à espérer du peuple qui au travers de l’histoire martiniquaise a eu de fulgurantes mobilisations qui ont fait basculer les choses et les certitudes du bon côté.

Pour terminer, cette période de confinement aura démontré l’importance de la misère et de l’économie informelle dans notre pays Martinique. Dépendant et aussi en sous-développement chronique.

L’atterrissage sera rude et les lendemains ne seront pas faciles.

Tjenbé

Raphaël CONSTANT

Encore confiné et Toujours Militant.

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