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"SON FILS UNIQUE" VENU SAUVER "LE MONDE"...

"SON FILS UNIQUE" VENU SAUVER "LE MONDE"...

   Quand un athée discute avec un croyant de quelque religion que soit ce dernier, la plus mauvaise chose à faire est de commencer par nier l'existence de Dieu.

   Cela n'aboutit, en effet, qu'à un dialogue de sourds et même pas un dialogue en fait, mais bien à la juxtaposition de deux monologues. L'athée se doit donc de toujours prendre le croyant au mot ou plutôt le Livre "sacré" dont ce dernier se réclame : Talmud, Bible, Coran, Védas etc...Prenons, par exemple le christianisme qui affirme que Dieu aurait envoyé son "fils unique", Jésus-Christ donc, pour "sauver le monde". L'athée doit demander au croyant de quel "monde" il s'agit exactement : de notre minuscule planète terre, de notre petit système solaire et son étoile naine (dite "Soleil"), de notre modeste galaxie (dite "Voie lactée") ou alors du Cosmos dans sa totalité ?

   Car il y a 100 milliards d'étoiles dans notre galaxie, entourées par au moins autant de planètes (notre seule étoile, le Soleil, en a 8 !). Ce n'est pas de la science-fiction car rien qu'à l'œil nu, on peut voir certaines de ces planètes et même deux galaxies naines (le Grand Nuage de Magellan et le Petit nuage de Magellan) ainsi qu'une galaxie beaucoup plus grosse que la nôtre qui, dans quelques milliards d'années fusionnera avec la Voie Lactée puisqu'elles se rapprochent l'une de l'autre à la vitesse de 430.000 Km/h ou, si l'on préfère, 120 Km/seconde.

   Quand on abandonne l'œil nu et qu'on observe le ciel avec un télescope, même de taille modeste, on peut distinguer beaucoup plus d'objets célestes et quand on envoie un engin spatial comme Hubble ou W-Map dans l'espace, muni d'un télescope, on peut voir encore beaucoup plus loin. On distingue alors quoi ? Des étoiles partout. Des galaxies partout. Par milliards ! Donc de quel "monde" nous parle la Bible et les autres livres "sacrés" des autres religions ? Si le croyant vous répond "de la terre", de la seule planète riquiqui qu'est la Terre, il faut s'en étonner et demander pourquoi Dieu aurait créé toute cette infinité de choses célestes pour ne s'intéresser qu'à notre seul grain de poussière. Car telle est bien la taille de notre planète dans l'univers visible.

   Si l'on comprend bien le croyant, Dieu aurait créé ces milliards d'étoiles, de planètes et de galaxie pour ne s'intéresser qu'à NOUS, à nous seuls. Wouaaaw, la chance ! A moins qu'il n'ait aussi jugé bon de créer des créatures, sans doute pas tout à fait comme nous, mais bel et bien vivantes, sur d'autres objets célestes. Ce serait plus logique ! Mais alors, lesdites créatures seraient-elles tout comme nous affligées du "péché originel" ou alors en seraient-elles exemptes ? Si c'est la deuxième solution, alors ce sont ces extraterrestres qui ont de la chance. Leur Eve n'a pas croqué la pomme du Paradis et ils vivent dans le bonheur absolu et éternel. Mais existe-t-il alors un seul Paradis ou plusieurs Paradis ? Plusieurs Adam et Eve ou seulement les deux de la Bible ?

   Mais qu'est-ce qu'on a pu faire au Bon Dieu pour être les seuls créatures vivantes des 100 milliards de galaxies (qui comportent chacune au moins 100 milliards de planètes) à devoir expier la gourmandise d'une bonne femme ? Péché qui a nécessité qu'il nous envoie "son fils unique" pour nous tirer de ce pétrin. Car le seul fait que ledit fils soit "unique" indique qu'il n'a pas pu jouer le même rôle auprès d'autres créatures vivantes du Cosmos. A moins, qu'étant divin, il ne soit doué d'ubiquité. Mais alors si partout, sur les 100 milliards de planètes de chacune de ces 100 milliards de galaxies, il y a une Eve qui a croqué une pomme, pourquoi Dieu, tout-puissant qu'il est, a-t-il rejoué exactement le même scénario ? Mais bon, peut-être qu'il en a écrit plusieurs. Peut-être que sur l'exoplanète Machin située à 50 années-lumière de la Terre, c'est Adam et non pas Eve qui a croqué la pomme. Ou alors peut-être qu'il ne s'agissait pas d'une pomme mais d'une orange.

   Arrivé là, votre interlocuteur croyant a évidemment le tournis. Il ne peut pas nier l'existence de milliards d'autres mondes célestes puisqu'on peut les voir à l'œil nu, au télescope et à partir d'engins spatiaux. Il ne peut pas répondre qu'ils sont vides car ce serait un beau gaspillage d'espace pour rien du tout. Il est obligé d'admettre que là-haut, il y a forcément d'autres créatures vivantes. Dieu n'aurait pas perdu son temps à créer des centaines de milliards de planètes pour ne faire apparaître la vie que sur une seule d'entre elles ! Il se serait contenté de créer juste la Terre, la lune (dont nous avons besoin pour les marées) et le Soleil (dont nous avons besoin pour la photosynthèse). D'ailleurs, si les 7 autres planètes de notre système solaire disparaissaient, cela ne changerait strictement rien pour la Terre. Mars, Vénus, Mercure ou Jupiter ne nous servent absolument à rien.

   Embarrassé, notre cher croyant vous répondra par la phrase rituelle:  

   "Les voies de Dieu sont impénétrables !".

   Ouais...

Commentaires

Frédéric C. | 23/04/2020 - 18:47 :
Excellent! Je vais éviter (pour une fois, en tout cas dans l'immédiat) d'écrire des couillonnades. Tous ces arguments ci-dessus sont valables, et, il y en bien d'autres. Et en son for intérieur, le croyant évoqué dans l'article demandera à son mythique-hypothétique-chiatique-holographique interlocuteur divin: "Mon Dieu, qu'est-ce que je t'ai fait pour que tu m'envoies quelqu'un d'à la fois aussi pertinent et impertinent?". Ce qui correspondra à la logique culpabilisatrice la plus traditionnelle chez les cathos… S'il est un peu plus "sérieux", il pourra se dire: "Que signifie cette épreuve que Dieu m'envoie? Vers quoi veut-Il m'élever?" Tel est en substance le propos que j'ai entendu chez des croyants sincères avec qui j'ai pu, humainement, en "feeling", me trouver en empathie: ils étaient généreux, ils avaient du cœur, me percevaient comme un des leurs… Donc si on prend le croyant au mot (ou hétéro si vous voulez…), comme le suggère l'auteur de l'article ci-dessus, n' y-a-t-il pas le piège que la réponse in fine soit en effet: "Les voies du Seigneur impénétrables!". Evitons la blague sur la difficulté de Dieu à se soigner par voie de suppositoires (vous êtes témoin: j'ai évité), et voyons les choses en face! Les deux approches -athée et croyante- sont très difficiles à discuter terme à terme, ou au mot. Car ces Mollahs, pardon, ces mots-là (excusez-moi: le lapsus m'habite) recouvrent souvent, au moins en partie, des signifiés, des noeuds enracinés dans l'inconscient, donc dans l'affectif, dans des besoins ou des rejets affectifs, parfois les deux chez la même personne… En revanche, et DESORMAIS ON ESSAIE D'ÊTRE SERIEUX: même si le monde est en proie à des problèmes fondamentalement politiques (conflit israélo-palestinien compris, bien sûr!), il semble redevenir aussi la proie idéologique de guerres de religions, sachant que certains Chrétiens ne sont pas manchots en terme d'agressivité guerrière, n'est-ce pas G.W.Bush? n'est-ce pas D.Trump? N'est-ce pas ses toutous Anthony Blair et quelques autres dirigeants de pays "civilisés"? Alors, si l'on est athée et progressiste, n'est-il pas préférable d'avoir à nos côtés des progressistes style "Témoignage Chrétien" (France) ou des théologiens dits "de la Libération", plutôt que des athées sanguinaires comme Pol Pot par exemple? Le combat pour l'avenir de l'humanité, et sa préservation, est peut-être le plus important. Ce qui ne doit pas empêcher les discussions théoriques et philosophIques, bien sûr, car ce n'est pas incompatible. Ce qui ne doit pas nous empêcher, de tous les côtés, de brocarder les convictions de l'autre, voire de nous en amuser mutuellement, par une sorte d'incitation à l'autodérision. C'est vrai que pour faire cela, il faut que chacun soit assez ouvert d'esprit. Mais le vrai humaniste devrait savoir prendre du recul avec ses propres convictions, admettre qu'on puisse symboliquement, pour le fun, brûler ses icônes ou s'en moquer, admettre qu'on puisse le bousculer, car là c'est une question d'ego (si les convictions sont solides, l'individu ne peut pas se sentir en danger). C'est la preuve que pour lui son interlocuteur est son frère sur cette putain de planète, ce qui est le plus important. C'est la preuve qu'il est ouvert à l'altérité. Que rien de ce qui est humain ne lui est étranger (je sais, la formulation fait catho, mais n'est-ce pas cela l'empathie? alors ne nous laissons pas piéger par les mots, regardons le fond des choses). Si nous voulons un monde en paix - et là nous avons du travail!- eh bien nous devons essayer de comprendre la personne en face de nous (si elle ne cherche pas à nous écraser, nous dominer, nous exploiter, nous mépriser, évidemment!!), nous mettre en empathie avec elle, d'où qu'elle vienne, quels que soient sa langue et son rapport au Cosmos. Si chacun n'essaie pas de s'ouvrir à ce degré-là, il est possible que l'humanité soit perdue. Ce qui n'empêche pas la nécessité de lutter pour transformer la société, même si souvent la violence est nécessaire. Mais limitons autant que possible les "frais généraux" qu'a connu le XXème siècle en la matière. Bon, maintenant je vais boire de l'eau de Dieu, pardon, man ké'i bwè dlo Didié, pa bo nò Foyal….

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