{{SUJETS DU C.A.P.E.S DE CREOLE session 2007-06-10
CONCOURS EXTERNE
DE RECRUTEMENT DE PROFESSEURS CERTIFIES
ET CONCOURS D’ACCES A DES LISTES D’APTITUDE (CAFEP)}}
{{ SECTION LANGUES REGIONALES : CREOLE}}
{{EPREUVE DE TRADUCTION}}
{Durée : 4 heures}
Pierrot fut réveillé vers les sept heures par la bonne de l’hôtel. Elle venait de voir annoncé, en une dernière heure en caractère gras que l’Uni-Park avait été, cette nuit même, incendié. La nouvelle intéressa vivement Pierrot, qui craignit un instant pour Yvonne ; mais on n’annonçait pas de victimes. Le journal terminait son rapport en informant ses lecteurs que la cause de ce sinistre demeurait inconnue ; mais que des spécialistes allaient s’efforcer de résoudre ce problème.
- Alors, vous voilà sans place, monsieur Pierrot, dit la bonne qui le croyait toujours employé là-bas.
Elle le regardait avec sympathie et compassion. Lui qui n’avait que la tête au-dessus des draps ; pour le reste, il était à poil. Comme il s’était couché bien tard après avoir un peu plus bu que de coutume, il avait bien de la peine à ouvrir les deux yeux à la fois.
- Hélas ! oui, répondit-il. Il faut que j’aille voir ce qui se passe.
Mais il n’avait pas envie de se précipiter sur le champ du désastre, et, s’il dit « je me lève », ce ne fut que pour décider la bonne à sortir. Le résultat obtenu, il referma les yeux et se rendormit encore pour une petite heure. Cette dose supplémentaire de sommeil, il l’avait ressentie comme nécessaire.
Son vêtissement et sa toilette ne s’accompagnèrent que de vagues rêveries accompagnées du chantonnement spasmodique de refrains connus. Ce n’est que devant son jus au bistrot voisin qu’il jugea tout à fait nécessaire, et peut-être urgent, d’aller voir quelle gueule faisait l’Uni-Park après une nuit de combustion. Il s’y rendrait donc le matin même, mais il n’en allongea point cependant pour cela le pas et s’en fut sans manifester cette agitation qui ne convient qu’aux âmes un peu balourdes qui ne savent pas se défendre contre la mobilité du destin.
Il suivit son itinéraire habituel et, comme de coutume, s’attarda devant les roulements à bille. Il ne ratait jamais ce spectacle mécanique et distrayant. Puis il s’avança dans l’avenue de Chaillot et constata en tout premier lieu que la tour aux avions avait disparu. Des foyers mal éteints fumaient encore.
Des flics gardaient les décombres. Des gens se mettaient ensemble pour mieux voir et plus discuter.
Raymond Queneau, Pierrot mon ami, Gallimard.
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{{CONCOURS EXTERNE
DE RECRUTEMENT DE PROFESSEURS CERTIFIES
ET CONCOURS D’ACCES A DES LISTES D’APTITUDE (CAFEP)}}
{{SECTION LANGUES REGIONALES : CREOLE}}
{{DISSERTATION EN LANGUE REGIONALE}}
{DUREE : 4 heures}
Parlant du conteur haïtien, un auteur contemporain déclare que ce dernier, dans le conte créole, « donne à « boire » une parole quotidienne et contemporaine ainsi qu’une parole venue d’un autre temps. »
En vous référant précisément aux contes créoles issus de la tradition orale et aux contes créoles écrits, et sans vous limiter à une aire géographique ou culturelle, vous vous demanderez dans quelle mesure le surnaturel participe à l’élaboration de cette « parole », à son actualisation.