Native du quartier Poterie, aux Trois-Ilets, la plasticienne et écrivaine Marie-Thérèse JULIEN LUNG-FOU a été honorée par la municipalité ce jeudi 08 janvier dans la soirée. En effet, la bibliothèque de la ville porte désormais le nom de celle qui fut l'une des pionnières en matière d'écriture du créole, mais aussi des arts plastiques, notamment la sculpture, cela dans la première moitié du XXe siècle puisqu'elle fit l'Ecole des Beaux-Arts de Paris.
Le personnel de la bibliothèque avait préparé une superbe exposition sur le parcours de M-TH. JULIEN LUN-FOU avec des photos de ses sculptures (comme celle de la statue de Victor SCHOELCHER à l'entrée de la ville du même nom) et des poèmes en créole dont GIGI, une diseuse de talent, en lira quelques uns à la grande joie du public. L'auteur avait un grand humour et savait croquer les personnages du petit peuple avec leur parler imagé et parfois cru. Cette exposition sera permanente et tournera dans le réseau des bibliothèques de l'Espace Sud.
L'une des filles de M-TH. LUNG-FOU, fille non pas au sens biologique mais au sens créole du temps-longtemps, quand des grand-mères, des tantes ou des marraines pouvaient décider d'élever un enfant, livra un témoignage saisissant sur la Grande Dame, disant avec humour que cette dernière l'avait échangée "contre une bourrique" avec ses vrais parents. Elle brossa le portrait d'une personne très attachée à la défense des us et coutumes martiniquais, notamment du carnaval et de la cuisine créole. Elle est d'ailleurs l'auteur de livres sur ses deux passions.
D'autres témoignages de proches parents ou d'amis de M-TH. LUNG-FOU ponctuèrent la soirée avant que Raphaël CONFIANT ne prenne la parole pour dire qu'elle fut un précurseur de ce que l'on appelle aujourd'hui la Créolité, ce que l'on peut résumer par le fait d'assumer nos identités multiples. LUNG-FOU est d'ailleurs un nom chinois, hérité de ceux qui, au milieu du XIXe siècle, quittèrent Canton pour émigrer à la Martinique afin de couper la canne à sucre, cela en même temps que les Indiens. Il ajouta que les œuvres de M-TH. LUNG-FOU sont désormais étudiées dans les écoles grâce à l'introduction du créole dans le système scolaire.
M. le Maire de Trois-Ilets, Arnaud RENE-CORAIL, clôtura la soirée en expliquant que la municipalité avait décidé d'honorer les personnes qui avaient contribué à la renommée de la commune. Ainsi, le collège a-t-il été dénommé Suzanne ROUSSI, du nom de l'épouse d'Aimé CESAIRE, qui fut une poétesse de talent et qui est née au quartier Poterie. D'autres personnalités se verront ainsi célébrées très bientôt comme KHO KHO RENE-CORAIL ou le Dr ROSE-ROSETTE.
La soirée d'inauguration s'est achevé par un buffet fort apprécié par le nombreux public présent....