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Un bien étrange remake...

Un bien étrange remake...

   La Commission d'enquête parlementaire sur le chlordécone ou plus exactement sa composition et son chef font penser à ce qui s'est passé il y a une quinzaine d'années pour le CAPES de créole.

  En effet, comme chacun sait, feu le Pr Jean BERNABE et son groupe de recherches, le GEREC (Groupe d'Etudes et de Recherches en Espace Créole), s'étaient battus corps et âme pour amener le Ministère de l'Education Nationale à créer un concours de recrutement d'enseignants de créole pour l'enseignement secondaire : le CAPES de créole. Combat difficile, parsemé d'embûches de toutes sortes et ayant dû affronter l'hostilité frontale de créolistes français (R. CHAUDENSON), martiniquais (L-F. PRDENT) et réunionnais (C. MARIMOUTOU).
   Dans la presse française et réunionnaise, ces opposants à la création du CAPES de créole avait clamé haut et fort les raisons de leur refus : "C'est prématuré !", "Quel créole enseigner ?", "Pourquoi ne pas mettre simplement une épreuve de créole au CAPES de Lettres modernes ?" et le reste à l'avenant. Le Ministère avait tranché au cours d'une réunion agitée d'une journée entière dans ses locaux parisiens, réunion au cours de laquelle, le GEREC avait réaffirmé sa demande et les opposants leur hostilité : le concours fut créé et le sujet de l'épreuve de "Dissertation créole" s'appuyait sur un programme, "La Fable créole", proposée par le groupe de recherches du campus de Schoelcher et la publication de 11 "Guides du CAPES de créole" parmi lesquels la réédition préfacée par R. CONFIANT du premier livre de fables en créole publié en 1844 par François MARBOT ainsi qu'un ouvrage théorique, "La Fable créole" par J. BERNABE.
   Or, mystère et boule de gomme : à l'arrivée, c'est-à-dire lors de la publication du jury du premier concours, celui-ci était présidé et composé de tous les opposants à la création dudit concours !!! Et cette situation dura une bonne douzaine d'années. Ni J. BERNABE, ni R. DAMOISEAU, ni R. CONFIANT, ni M. DISPAGNE, ni G. L'ETANG ni aucun autre membre du GEREC ne furent convoqués pour faire partie du concours pour la création duquel ils furent les seuls à se battre !!! L'élucidation de ce mystère se réalisa des années et des années plus tard : les opposants, une fois le concours créé, avait fait le siège du Ministère avec l'argument ci-après :
   "Vous n'allez quand même pas laisser ce concours entre les mains d'indépendantistes !"
   Eh bien, avec la création de la Commission parlementaire sur le chlordécone, on revit le même scénario. Exactement le même scénario ! Souvenez-vous en : en février 2007, il y a donc 12 ans de cela, L. BOUTRIN et R. CONFIANT publièrent un ouvrage retentissant dont le titre était "Chronique d'un empoisonnement annoncé" qui dénonçait la pollution de 20.000 hectares de terres agricole martiniquaises et 5.000 guadeloupéennes par un redoutable pesticide organochloré, le chlordécone, cela durant 30 longues années : 1972-2002. Les deux écologistes organisèrent ensuite, en ce même mois de février 2007, une conférence de presse dans l'enceinte même de l'Assemblée nationale devant les principaux médias hexagonaux. A la table, à leurs côtés, il n'y eut aucun député antillais, mais les députés français, C. LEPAGE et A. LIPIETZ. De retour en Martinique, ils rassemblèrent près de 300 personnes à l'Atrium la veille du vendredi saint de l'année 2007, puis parcourirent la Martinique, notamment les communes côtières pour informer la population et avertir les marins-pêcheurs que la pêche pourrait être interdite en certains endroits. Puis, L. BOUTRIN et R. CONFIANT récidivèrent, toujours en 2007, avec la publication d'un deuxième ouvrage : "Chlordécone : 12 mesures pour sortir de la crise".
   Aussitôt, le PPM et S. LETCHIMY se mirent en mouvement pour les dénoncer et les traiter d'affabulateurs. La municipalité de Fort-de-France créa même à la hâte une association des revendeuses des différents marchés de la ville qui défilèrent dans les rues, conspuant les deux écologistes, au motif que ces derniers cherchaient "à leur enlever le pain de la bouche". Or, cette accusation malhonnête, soigneusement mise en avant par le PPM, renvoyait au fait que BOUTRIN et CONFIANT demandaient que la traçabilité des légumes-racines soit établie à l'aide d'une cartographie précise des terres contaminées. Il s'agissait, en effet, d'un grave problème de santé publique puisqu'aujourd'hui tout le monde sait que l'usage inconsidéré du chlordécone a provoqué une augmentation exponentielle du nombre de cancers (de la prostate mais aussi de certains plus rares comme celui du myélome), de malformations congénitales, des maladies d'Alzheimer et de Parkinson. Si cette tentative de discrédit a échoué finalement, la vérité sur la nocivité du chlordécone ayant fini par être admise, elle dénote l'état d'esprit malsain qui règne au sein d'une certaine classe politique martiniquaise.
   Or, aujourd'hui, 12 ans après, voici que S. LETCHIMY débarque à la tête d'une commission d'enquête parlementaire sur le...chlordécone. Déjà, l'an dernier, il s'était laissé aller à une envolée lyrique en déclarant que "le scandale est un scandale d'Etat" !!! Cela avait fait sourire les uns et les autres, mais là, on ne sait plus s'il faut rire à pleines dents ou pleurer. C'est un remake de ce qui s'était passé pour le jury du CAPES de créole : ceux qui hier, dénonçait les écologistes et les traitaient de farceurs sont les mêmes qui présentement tiennent les rênes d'une commission d'enquête dont personne, aucun journaliste martiniquais, n'ose dire qu'elle n'a pas l'entièreté des pouvoirs dont dispose une commission de ce type.
   On comprend mieux l'écoeurement de bon nombre de Martiniquais face à un monde universitaire et à une classe politique qui font passer leurs intérêts personnels avant ceux de la population. Il y aura des élections très bientôt et c'est le bon moment, n'est-ce pas, pour le PPM de redorer son blason sur cette question qui, à moyen terme, met en question l'existence même de notre pays et de ses habitants...
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