Accueil
Aimé CESAIRE
Frantz FANON
Paulette NARDAL
René MENIL
Edouard GLISSANT
Suzanne CESAIRE
Jean BERNABE
Guy CABORT MASSON
Vincent PLACOLY
Derek WALCOTT
Price MARS
Jacques ROUMAIN
Guy TIROLIEN
Jacques-Stephen ALEXIS
Sonny RUPAIRE
Georges GRATIANT
Marie VIEUX-CHAUVET
Léon-Gontran DAMAS
Firmin ANTENOR
Edouard Jacques MAUNICK
Saint-John PERSE
Maximilien LAROCHE
Aude-Emmanuelle HOAREAU
Georges MAUVOIS
Marcel MANVILLE
Daniel HONORE
Alain ANSELIN
Jacques COURSIL

Une histoire de chien maltraité

Une histoire de chien maltraité

 Beaucoup de "Métros" (originaires de l'Hexagone) se plaignent d'être mal acceptés à la Martinique mais il n'y en a guère qui se posent la question de savoir pourquoi.

 Prenons l'exemple récent de ce chien qu'ont ou auraient martyrisé des Martiniquais, chose qui a provoqué un tollé chez les défenseurs de la cause animale, presque tous "Métros". Quand on vient vivre dans un pays, voire même une région différente de la sienne, on s'informe un minimum sur son histoire. Pas besoin de lire des tonnes et des tonnes d'ouvrages ! Grâce à Google, ce minimum est aujourd'hui facile atteignable quelque soit l'endroit du monde considéré.
 Ainsi, en surfant un tant soit peu sur le Net, on découvre que pendant presque trois siècles, le chien fut l'ennemi du Nègre aux Antilles. Il était l'animal que les Békés dressaient pour partir à la recherche des esclaves qui avaient fui la plantation, chiens que parfois ils importaient de Cuba, cette ile étant censé avoir les meilleurs "renifleurs de Nègres-marrons". Après l'abolition (1848), les chiens gardaient la grande villa de l'ancien maitre afin de tenir la négraille à distance, hormis celle qui travaillait dans ladite villa. Entre temps, beaucoup de ces "meilleurs amis de l'Homme" (blanc) s'étaient échappés et vagabondaient, devenant ce que l'on appela alors des "chiens créoles". Ils s'étaient mélangés les uns aux autres et n'avaient plus de "race" identifiable. Cela n'en fit pas pour autant les meilleurs amis de l'Homme noir. Loin de là ! Le souvenir de l'esclavage était encore trop présent dans les esprits et ces chiens créoles connurent deux (tristes) sorts : soient ils étaient pourchassés à coups de "roches" par les gamins pour qui cela devint une sorte de jeu ; soit ils étaient adoptés par une famille nègre mais passaient leur vie attachés à une courte, très courte, corde, à l'entrée des cases, puis des maisons, sans la moindre cage pour les protéger des intempéries.
 Cela n'a jamais choqué personne.
 La langue créole, quant à elle a entériné, ce qui va de la méfiance à la détestation en passant par l'indifférence : "kout-chien" (traitrise), "chien-fè" (salopard), "chien lib" (libertin), "chiennri" (scélératesse), "ti chien" (petit con), "chien lari" (clochard), "manman-chien" (femme ayant un sale caractère)  ou tout simplement "chien" comme dans l'expression idiomatique "Fout boug-tala chien !" (Qu'est-ce qu'il est salaud ce type !). Soit dit en passant, quand on décide de vivre dans une autre région ou un autre pays que le sien, on fait un tant soit peu l'effort d'apprendre sa langue et on ne se contente pas de savoir juste dire "Bonjour !" (Sa ou fè ?). D'autant plus que le créole n'est quand même pas le chinois ou l'hébreu et que l'essentiel de son vocabulaire provient du français (tout comme celui de l'anglais soit dit à nouveau en passant !).
 Il ne s'agit pas de prendre la défense de ceux qui ont ou auraient "martyrisé" ce chien, mais de remettre cet incident regrettable (et condamnable) dans sa juste perspective. On ne peut pas faire fi de l'histoire d'un peuple. On ne fera jamais un Arabe manger du porc ou un Hindou de la viande de vache ! Ni un Antillais embrasser sa femme ou sa compagne sur la bouche en public comme c'est courant en Europe. Surtout, avant de juger un peuple chez qui on a choisi de s'installer, il convient d'abord d'essayer de comprendre tel ou tel comportement. Pendant des siècles, les esclaves noirs furent traités plus bas que des animaux.
 S'il est vrai que, francisation oblige, on a commencé à voir, à compter des années 70 du siècle dernier, des bourgeois de couleur s'enticher de chiens de compagnie (teckels, yorkshire etc.), la masse de la population, elle, n'a pas changé d'attitude. Son inconscient se charge de lui rappeler que longtemps, très longtemps, le chien fut son ennemi et cela tant pendant l'esclavage qu'après l'abolition. Sinon, il y a une seule catégorie de l'espèce canine que les Martiniquais respectent, ce sont les fameux "chiens-fer", ces chiens aztèques ramenés du Mexique à partir de 1865 par les volontaires martiniquais qui s'étaient engagés dans l'armée de Napoléon III pour conquérir le Mexique. En fait, ces chiens sont craints parce que d'abord, ils sont totalement dépourvus de poils, hormis une étrange houppelande (parfois rose) sur le haut du crâne, ensuite parce qu'ils n'aboient pas et enfin parce que leurs propriétaires ont longtemps été des quimboiseuses. Mais les chiens-fer sont tout de même très rares...
 Avant de porter des jugements hâtifs une population ou un peuple, il faut s'informer !

Commentaires

Michel P. | 11/09/2020 - 12:31 :
La loi interdit et condamne les mauvais traitements envers les animaux domestiques, tels les chiens. En France, chaque année, une bonne centaine de personnes sont punies pour maltraitance envers des animaux, le plus souvent d’une amende. Parfois, le souci du bien-être animal se heurte aux usages de rites religieux, de patrimoines régionaux ou de traditions culturelles. Le Conseil d’État dit qu’il faut en tenir compte. C'est le cas de la tauromachie ou des combats de coqs. Si j’ai bien compris, la thèse de l’article est que la maltraitance des chiens en Martinique constituerait une tradition culturelle, héritée de l’esclavage. Sans doute ne convient-il pas de l'encourager mais, compte tenu de son caractère traditionnel, la maltraitante des chiens ne devrait être ni dénoncée ni punie.
michel mirgan | 09/09/2020 - 22:12 :
Donc ,beaucoup de Martiniquais seraient hostiles aux Métros car ceux-ci ,contrairement aux premiers aiment bien les animaux ? Un peu sommaire comme "explication" , non? La seule couleur de leur peau n'y serait-elle pas pour quelque chose par hasard ?
Tibwachoc | 10/09/2020 - 20:46 :
Moi Martiniquais ,je refuse qu'on me mette dans une case, qu'on me dise qui je suis. Et si j'ai su endurer les chaînes, je suis résilient . En gommant les traces de la betise je peux me souvenir du temps où Africain, toute vie, animale ,végétale ou minérale était pour moi sacrée. Non , ils n'ont pas gagné. Le chien est mon ami.
michel mirgan | 12/09/2020 - 16:43 :
En effet ,comme la haine viscérale des chiens ,sauvegardons nos précieuses traditions comportementales et culturelles antillaises issues de l’esclavage que ceux qui ne connaissant rien à notre identité veulent nous enlever comme l'inceste envers les petites filles ,la violence au sein des couples ,la dureté des relations patrons-ouvriers ,le macoutisme politique,le recours fréquents aux sorciers et gadédzafè ,la superstition et la surémotivité ,la très grande sensibilité aux rumeurs,les tendances structurelles aux cancans etc...

Connexion utilisateur

CAPTCHA
Cette question sert à vérifier si vous êtes un visiteur humain afin d'éviter les soumissions automatisées spam.