Quand on postule à des fonctions politiques, des plus modestes aux plus importantes, on doit savoir qu’il convient de faire preuve d’exemplarité, que l’on ne peut ni faire ni dire ce qui vous passe par la tête. Elu, vous êtes désormais REPRESENTANT (E) du peuple, vous êtes la voix du peuple lequel vous a fait confiance et croit en vous. C’est bien pour cela qu’il vous acclame, vous ovationne, vous vénère parfois. Ou vous abhorre si vous êtes du camp adverse.
Bref, vous n’êtes pas le citoyen lambda qui peut faire et dire ce qu’il veut (dans les limites de la loi évidemment).
Madame Catherine Conconne se doit de démissionner pour des raisons de décence. Point à la ligne. On se fiche que Serge Letchimy ait violé le Code de je ne sais quoi et on s’en contrefiche des arguties de l’avocat de C. Conconne tentant de prouver l’exact contraire. On n’est pas dans un débat de Droit.
On est dans un débat d’éthique. Et l’éthique est au-dessus du Droit.
Madame Conconne n’est pas la plus antipathique des responsables de la majorité régionale, loin de là. Elle n’est pas la moins compétente et les gorges chaudes que d’aucuns font sur la licence d’anglais qu’elle dit « poursuivre » et ne rattrape jamais relève de la guéguerre politicienne classique, chacun sachant bien que ce ne sont pas les diplômes qui font un (e) homme (/femme) politique. Elle n’est pas non plus la moins intéressée à l’amélioration du sort des Martiniquais et singulièrement des plus démunis.
Elle est donc une élue qui se situe dans la moyenne des élus martiniquais qui font avec les moyens du bord, qui jonglent avec des budgets municipaux ou régionaux étroits, qui s’adonnent à une nécessaire démagogie (présence au tour cycliste ou au tour des yoles, voir dans les vidés carnavalesques), qui font des promesses (notamment d’emploi) qu’ils savent qu’ils ne pourront pas tenir etc…etc…Elle n’est donc pas pire que ses collègues.
Mais madame Conconne se doit de démissionner pour deux raisons qui n’ont rien à voir avec l’alinéa numéro machin du Code truc machin-chouette, mais avec l’éthique et la logique. Oui, d’abord l’éthique :
. elle n’a pas le droit de traiter ses adversaires politiques de « chien abiyé an moun », pas plus que tel autre collègue du même parti qu’elle n’a le droit de déclarer qu’il va « karchériser cette vermine » en parlant d’une dirigeante d’établissement. Ce sont des élus du peuple et ils doivent respecter ce dernier. Ils lui doivent des comptes d’ailleurs. Quand ils s’expriment, ils le font AU NOM DU PEUPLE. Le citoyen lambda tel que moi, par contre, qui n’est l’élu de personne et qui ne représente que lui-même, a parfaitement le droit d’employer le langage qu’il veut car cela ne porte pas à conséquence. Or, éthiquement, le langage habituel (« yich méchan », « profs au rabais », « chien abiyé an moun », « vermine » etc.) des élus EMPN à l’endroit de leurs adversaires est inacceptable.
L’Ethique encore :
. faire sa société privée solliciter (et obtenir un prêt) d’une autre société privée dirigée par son propre compagnon alors même que la deuxième société vient d’obtenir une subvention du Conseil général est sans doute limite, voire illégal du point de vue juridique, mais là encore ce n’est pas là le plus important. Le plus important est que ladite subvention est de l’argent public. Que cet argent public émane des impôts des citoyens et que ce sont ces mêmes citoyens qui vous ont élu, citoyens dont on sait pertinemment qu’une majorité d’entre eux peine à boucler ses fins de mois. Car vous avez été mise en place par le peuple et vous devez respecter ce peuple. Vous n’êtes pas une citoyenne lambda. Quant à cette histoire de 378.000 euros de loyers impayés qui revient de manière récurrente sur le Net, une fois de plus, comment justifier cela face à des électeurs qui souvent sont en retard de loyers, qui sont parfois menacés d’expulsion par telle ou telle société d’HLM ou qui dans certains cas sont effectivement expulsés ?
Une question de logique enfin :
. madame Conconne ne peut pas décemment être première vice-présidente de la Région et donc gérer les fonds publics au plus haut niveau si elle est incapable de gérer ses propres entreprises. Certes, on peut faire faillite et c’est, hélas, quasiment tous les jours qu’il y a des fermetures d’entreprises en Martinique, cela n’a rien d’infamant, mais par contre, cela vous disqualifie pour prétendre gérer quoi que ce soit. Surtout que dans le cas présent, il s’agit non pas d’un, mais de deux magasins de chaussures qui, à quelques années de distance, ont dû mettre la clef sous la porte. Car au poste où elle se trouve, elle est en position d’attribuer des aides (régionales donc) aux entreprises, or comment peut-on imaginer qu’elle le fasse avec tout le discernement nécessaire si elle-même n’a pas été capable de gérer ses propres entreprises ?
On le voit donc, nous sommes loin d’une question juridique stricto sensu. On est dans l’Ethique et dans la Logique.
Pour tout cela, pour son propre honneur, et parce qu’il ne s’agit aucunement d’une chasse à l’homme (à la femme en l’occurrence) comme le prétend le PPM, madame Conconne se doit de démissionner de son poste de vice-présidente de la Région.
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