La nature agit comme bon lui semble et fait tomber les sorts au gré du hasard. Ainsi donc, est-il impossible à quiconque de prévenir le malheur qui peut arriver n’importe quand, à n’importe qui, n’ importe où. C’est avec la plus grande désolation que le peuple haïtien, livré à ce grand hasard, s’était vu puni par on ne sait quelle justice providentielle qui a fait abattre sur lui le désastreux séisme du 12 janvier 2010. Ce qui a fait son malheur s’est présenté comme un pactole pour d’autres.
Une pléthore d’Organisations Non-Gouvernementales (ONG) dont chacune se déclare en mesure de reconstruire Haïti. Une procession d’institutions religieuses qui n’attendaient que ce moment opportun pour infiltrer leurs idéologies fanatiques ou extrémistes dans la culture, l’âme et l’esprit d’un peuple dont la morale est affaiblie, et perdue, s’est instaurée dans les rangs. Un trust d’investisseurs internationaux qui considèrent que finalement Haïti est “open for business” et un laboratoire de scientistes conscients de l’ampleur de la situation s’amènent pour tester les résultats de leurs nouvelles recherches. D’où l’interrogation que plus d’un se fassent : les Haïtiens vivent-ils mieux aujourd’hui qu’il y a de cela trois ans de cela ?
Les aides humanitaires auraient pu donner aux Haïtiens la capacité de se relever de leur état lamentable, déplorable et dégradant si les responsables de certains ONG ne pensaient pas à se faire une fortune personnelle. L’occasion leur était donnée d’en profiter. Car, ce 12 janvier 2010 où le terrible sort s’est abattu sur Haïti, les milliers d’Haïtiens affectés par ce séisme gigantesque attendaient simplement de recevoir n’importe quoi de n’importe qui clamerait une tendance humaniste. C’est ainsi que, la communauté internationale, jugeant de la pauvreté de ce peuple qui était, avant même cette catastrophe naturelle, sur le qui-vive, n’a pas hésité un moment à expédier vers Haïti des vêtements usagés, des latrines portables, des jouets, des médicaments, de la nourriture emboîtée, des tentes, des bouteilles d’eau, etc.
Selon un rapport publié en janvier 2012 par le Centre pour l’Intégrité Publique, l’aide humanitaire vers Haïti a totalisé près de $8 billion, argent venant de donations privées, d’organisations charitables et de la communauté internationale formée de 58 pays.
Le 8 juillet 2012, Tom Chariela a publié un article sur Esquire où il a reporté qu’à date, il y a plus de 10,000 ONG en Haïti avec une majeure partie d’entre elles opérant à Port-au-Prince. Ce nombre est si significatif qu’aujourd’hui l’on arrive à considérer Haïti comme la “République des ONG. Et ces ONG sont en train de tourner Haïti [si elles n’ont pas déjà succédé] en “un laboratoire d’expériences humanitaires où tout ce qui n’a pas marché dans d’autres pays est tenté et essayé ”, a martelé l’ancien représentant de l’Organisation des Etats Américains (OEA) en Haïti, Mr. Ricardo Seitenfus.
Tout le monde pensait qu’à ce moment critique de l’histoire d’Haïti, le pays serait à un tournant de se parer de mesure de construire sa propre capacité émotionnelle, financière et politique. Avec stupéfaction, pourtant, on constate que la présence des ONG n’a fait que tenir l’Haïtien plus que dépendant d’aides humanitaires ou de la communauté internationale.
Ceci est dû par le fait que ce bourbier d’organisations humanitaires, religieuses, économiques et scientifiques [depuis les premières heures de leur invasion sur Haïti] travaillent à buts croisés contre le gouvernement haïtien et sont aussi en compétition l’une contre l’autre; faisant un peu de ceci et un peu de cela par-ci et par-là, sans jamais pour autant analyser l’impact vrai de leurs aides sur le future de la reconstruction du pays. Ce qui est plus que visible, aujourd’hui encore qu’elles y sont, la crise d’urgence est belle et bien passée.
Dans leur mission, les ONG n’ont pas assez investi dans des recherches pour déterminer qui aider, comment aider et si leurs subventions sont nécessaires ou susceptibles de redonner à l’ensemble des Haïtiens leur fierté de peuple et une raison d’espérer que des jours meilleurs ne sont pas trop loin. Les différentes architectures des camps d’hébergements, des entreprises et des églises identifiées par les logos d’organisations qui les auraient planifiées témoignent de la compétition farouche engagée par ces Organisations qui contribuent en réalité très peu volontairement à la survivance de l’Haïtien. Elles ont reçu l’aval du gouvernement de Monsieur Michel Martelly, à travers la Note Circulaire No DC/PHV/gIj/0366 Ex.:11-12 datée du 19 Décembre 2011 et signée par Paul Harry Voltaire, Directeur Général du Ministère de l’Intérieur, des Collectivités Territoriales et de la Défense Nationale, qui leur donne pleine immunité diplomatique d’opérer dans le pays comme bon leur semble toutes les fois qu’elles peuvent prouver que leurs actions sont dans le cadre d’actions humanitaires.
(A moins que ces ONG veulent inclure les bordereaux pour les voitures SUV louées, les reçus pour leurs nuits d’hôtels et pour leurs heures sur les plages; jusqu’à aujourd’hui, les ONG ne peuvent pas démontrer la relation et la proportionnalité de leurs livres de comptabilité (fonds collectés au nom d’Haïti) avec les dépenses faites pour vraiment aider l’Haïtien, si n’aime mieux, personne ne sait combien d’argent elles ont collectés des particuliers, d’organisations charitables, d’organisations privées, des pays formant la communauté internationale, etc.)
L’on se doute peu que la condition économique de quelques Haïtiens et de leurs familles ait connu un soupçon d’amélioration ; ils ont pu décrocher des emploies. Plusieurs familles ont reçu des matériaux pour camper des maisonnettes. Plusieurs villes ont bénéficié de l’eau potable et reçu des médicaments dans plusieurs hôpitaux, cliniques ou centres de santé. Plusieurs maisons et businesses locaux ont un accès à l’Internet. Plusieurs étudiants sont en train de recevoir une éducation utilitaire en ligne ou virtuelle, etc. Cependant, ils ne reçoivent que peu de tous ces fonds qui ont été recueillis pour aider Haïti à assurer son démarrage post-séisme. Face surtout à un Gouvernement affaibli, un Etat désorganisé et un peuple misérable et pour la plupart analphabète, les ONG sortent vainqueurs. On est en droit de se dire que le gouvernement Haïtien n’a pas développé un système de contrôle ferme et rassurant pour régulariser ou réglementer le fonctionnement des ONG œuvrant sur le territoire national. Pour pire les ONG n’ont implémenté aucun leadership stratégique visant à connecter leur soit disant œuvres humanitaires avec les besoins du peuple.
La Conclusion parait inévitable si l’on tient compte du laxisme de l’Etat qui, au lieu de se pourvoir du droit de contrôle sur les fonds d’aides humanitaires disposés à l’amélioration de la situation d’existence de la population, a accordé, plutôt, pleine immunité diplomatique aux ONG qui dictent maintenant les règles. Les valeurs morales sont en décadence, et avec les ONG, le pays est donc pris pour un lieu de tour ou pour une machine à monnaies. Et oui, la conclusion inévitable, Haïti ne bénéficie pas à bon escient des fonds collectés en son nom, quand on sait que les ONG esquivent toute demande de transparence qui ferait jaillir la lumière sur l’ensemble de leurs démarches et réalisations. Le conditionnent humanitaire des milliers de sinistrés haïtiens est loin d’être amélioré. L’existence est pire à supporter qu’il ne l’était il y a de cela trois ans.
Bobb Q Rousseau