Un texte attribué à un collègue des policiers impliqués dans le passage à tabac du producteur de musique, Michel Zecler, est devenu viral sur les groupes de soutien aux forces de l'ordre. Il contient plusieurs fausses informations
Des publications virales sur les réseaux sociaux et dans des boucles de discussion WhatsApp de soutien aux forces de l'ordre mettent en avant le témoignage d’un prétendu collègue des quatre policiers impliqués dans le passage à tabac, révélé par Loopsider jeudi dernier, du producteur de musique, Michel Zecler.
L’auteur de ce texte défend les quatre policiersmis en examen ce lundi, conformément aux réquisitions du parquet. Deux d’entre eux, le brigadier et l’un des gardiens de la paix que l’on voit sur les vidéos, ont été placés en détention provisoire.
Dans ce témoignage, un policier supposé prend la parole pour défendre ses collègues impliqués dans l'affaire Michel Zecler - Tom Hollmann
Ce témoignage, dont l’auteur n’est pas connu, comporte plusieurs fausses affirmations, que 20 Minutes a vérifiées.
FAKE OFF
Celui qui se présente comme le collègue des policiers assure que la « tentative d’interpellation » de Michel Zecler ne résulte pas d’un contrôle pour non-port du masque, « mais surtout pour essayer de récupérer une sacoche remplie de drogue ». « Bien évidemment, [après l’interpellation] la sacoche a disparu », poursuit le texte.
Dans leur procès-verbal d’interpellation, que 20 Minutes a pu consulter, les policiers ont indiqué que leur intervention résultait du refus du producteur de musique de se soumettre à un contrôle de police, alors qu’il ne portait pas de masque et qu’il dégageait une forte odeur de cannabis. Ils ne mentionnent pas de sacoche « remplie de drogue ».
Une sacoche en bandoulière sera bien retrouvée dans le studio d’enregistrement de Michel Zecler lors de la perquisition réalisée mardi 24 novembre, trois jours après les faits, a indiqué le procureur de la République de Paris dimanche. Selon lui, 0,5 gramme de cannabis a été retrouvé à l’intérieur.
« L’individu retenait la porte de sortie avec son pied pour que les collègues ne sortent plus », assure le texte partagé sur les réseaux sociaux. De l’autre côté du sas, « un des collègues retenait la porte d’accès à la salle d’enregistrement d’où arrivaient 9 individus en furie qui criaient qu’ils allaient les défoncer ».
Cette déclaration ne correspond pas aux images diffusées en intégralité par Loopsider. Il est possible de voir que Michel Zecler n’empêche pas les policiers de sortir. Le produteur de musique affirme qu'il tentait de maintenir la porte d’entrée ouverte pour appeler à l’aide. Ce n’est qu’une fois la porte refermée par les policiers que ces derniers se mettent à frapper le producteur de musique. Après plusieurs auditions, ils reconnaîtront que les coups portés « n’étaient pas justifiés », a rapporté le procureur Rémy Heitz dimanche.
Concernant les neuf jeunes hommes qui se trouvaient au sous-sol, dans le studio d’enregistrement, ce n’est qu’au bout de plusieurs minutes qu’ils ont entendu des hurlements et les appels à l’aide de leur producteur. Sur la vidéo tournée par l’un d’entre eux, révélée également par Loopsider, aucun des jeunes hommes ne menace, à travers la porte, de « défoncer » les policiers. Il est toutefois possible d’entendre une injonction d’un des jeunes : « Ouvrez ! »
« Certes, les images sont violentes mais cet individu a porté des coups également au sol, coups que l’on ne voit pas », indique l’auteur du prétendu témoignage.
Dans le procès-verbal d’interpellation, les policiers indiquent que Michel Zecler leur a porté « des coups avec ses bras et ses jambes » et qu’il aurait vainement « tenté de se saisir de leur arme administrative ». Les fonctionnaires portent alors plainte et une enquête a visé le producteur de musique pour « violences sur personne dépositaire de l’autorité publique » et « rébellion ». Cette enquête a toutefois été classée sans suite par le parquet, mardi 24 novembre, pour « infraction insuffisamment caractérisée ».
Sur les images de vidéosurveillance, il ne semble pas que Michel Zecler donne des coups. Dans son témoignage à Loopsider, ce dernier s’est même expliqué sur son absence de réaction : « Je ne voulais pas avoir de gestes virulents qui allaient jouer contre moi par la suite. Il ne fallait pas que je lève les mains, que je fasse quelque chose de violent. »
Le texte viral l’assure : les termes racistes visant Michel Zecler « n’ont jamais été dits ».
Depuis leur placement en garde à vue vendredi jusqu’à leur mise en examen ce lundi, les policiers ont nié avoir proféré des insultes à caractère racistes. « J’ai beaucoup entendu le « sale nègre » », a témoigné le producteur de musique auprès de Loopsider. Dans une interview accordée à France-Antilles publiée ce lundi, Michel Zecler maintient ses accusations, estimant qu’il a perçu cette insulte comme « encore plus violente que les coups qu’il a reçus ». La version du producteur est corroborée par l’un des neuf jeunes présents dans le studio d’enregistrement.
Le juge d’instruction qui a mis en examen les quatre policiers dans la nuit de dimanche à lundi pour « violences volontaires par personne dépositaire de l’autorité publique » a en tout cas retenu plusieurs circonstances aggravantes, dont « des propos à caractère raciste ».
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